Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'est engagé jeudi à améliorer les conditions de rétention des familles, avec 1,5 million d'euros de travaux prévus pour 2018, alors que le cas des mineurs fait des remous parmi les députés En Marche.
"Ces centres ne sont pas faits pour punir". "Je m'engage à faire en sorte que nous améliorions les conditions de rétention en CRA" (centres de rétention administrative), a affirmé Gérard Collomb lors de l'examen de son controversé projet de loi "asile-immigration" en commission des lois de l'Assemblée. Ces conditions "ne sont pas totalement nulles", a-t-il fait valoir, rappelant le "suivi médical" des personnes en centre de rétention administrative (CRA) et la présence d'associations "pour faire le suivi juridique". Mais "puisque nous allongeons la durée" de la rétention, "nous allons entreprendre un certain nombre de travaux" pour que "les conditions soient beaucoup plus acceptables qu'elles ne le sont aujourd'hui dans ces CRA", a-t-il affirmé. "Ces centres de rétention sont faits pour éloigner, ils ne sont pas faits pour punir", a martelé le ministre, soulignant une "volonté de l'éloignement dans les meilleures conditions"
La rétention des mineurs "peut faire débat". Un point "peut faire débat", a-t-il toutefois reconnu, en allusion aux remous suscités dans la majorité par la rétention des mineurs, plusieurs députés ayant été choqués par leurs visites dans des CRA et demandant à ce qu'une solution soit trouvée pour les familles. C'est le cas notamment des Albanais qui, arrivés sans visa en France, y déposent une demande d'asile, dont ils sont généralement déboutés. Ils se retrouvent alors en CRA avant leur reconduite à la frontière. "Les Albanais arrivent généralement en famille, avec les enfants" et s'ils ne veulent pas être séparés, "les enfants peuvent de fait être placés en centre de rétention", a reconnu le ministre. "Mais nous allons entreprendre des travaux spéciaux pour que les conditions de rétention de ces familles avec enfants soient des conditions qui soient dignes", a-t-il dit, assurant que "pour 2018 nous allons investir 1,5 million d'euros pour pouvoir améliorer ces CRA".
L'allongement de la durée maximale votée en commission mais encadrée
Les députés ont adopté jeudi en commission l'une des mesures les plus controversées du projet de loi asile et immigration, l'allongement de la durée maximale possible de rétention des étrangers en attente de leur expulsion, mais en y posant des conditions. Comme le voulait Gérard Collomb, cette durée maximale va passer de 45 à 90 jours mais les députés ont supprimé la possibilité d'aller au-delà jusque 135 jours en cas d'obstruction à la reconduite. Les députés ont en outre adopté un amendement du groupe LREM qui "séquence" cette durée de 90 jours, chaque prolongation étant soumise à l'autorisation du juge des libertés et de la détention.