C'est une sorte d'effet double face. D'un côté, devant les caméras, Alexis Tsipras veille bien à ne surtout pas critiquer la France, ni même prononcer le nom de François Hollande. Le chef de l'Etat français est depuis peu son meilleur allié en Europe. Il lui a d'ailleurs déroulé le tapis rouge il y a quelques mois à Athènes. Samedi, il est invité à l'Elysée en tant qu'observateur à une réunion de dirigeants socialistes européens. Mais en petit comité, le Premier ministre grec n'hésite pas à soutenir les manifestants contre la loi Travail qui seront d'ailleurs dans la rue samedi pour une nouvelle grande mobilisation intersyndicale.
L'"exemple" du cas grec. Et lorsque, dans ses déclarations, Alexis Tsipras fustige les socialistes européens, c'est bien à François Hollande qu'il s'adresse entre les lignes. "Plusieurs gouvernements socialistes adoptent les thèses néolibérales mais le problème c'est qu'à chaque fois qu'on a voulu créer plus de flexibilité, ça été un échec. En Grèce, nous sommes les seuls européens à ne pas avoir de négociations collectives (avec les syndicats) et nous avons le plus de chômage. Ceux qui veulent s'aventurer sur ce chemin doivent réfléchir et étudier le cas grec."
Réfugiés. L'autre sujet qui fâche entre les dirigeants socialistes européens et Alexis Tsipras ? L'accueil des réfugiés. Alors que la Grèce est submergée par l'arrivée de migrants et que d'autres Etats ferment leurs portes, il appelle à des sanctions contre les pays européens récalcitrants. "La solidarité est dans les textes européens. Quand certains pays ferment des frontières alors les autres doivent trouver des solutions à leur place. Si certains ne veulent pas de réfugiés, et refusent la solidarité alors ils doivent subir les conséquences de leur décision." Officiellement, cette idée de sanction ne sera pas débattue aujourd'hui avec les dirigeants sociaux démocrates européens. Alexis Tsipras se placera donc en observateur mais certainement aussi en critique.