"Dictature". Le mot est fort. Il est sorti de la bouche d'un député communiste. Manuel Valls savait que l'utilisation de l'article 49-3 pour la loi Macron – pour la seconde fois – ne passerait pas chez certains parlementaires. Mais il ne s'attendait peut-être pas, non plus, à prononcer son discours devant un hémicycle à demi-vide.
"Je connais les immobilismes et les conservatismes". Le Premier ministre, avant d'annoncer le recours au 49-3, a d'abord taclé ceux qui critiquent sa décision, mais sans les nommer. "Je connais les immobilismes et les conservatismes. Je sais que certains préfèrent la posture à la réforme", a-t-il lâché. Les élus de droite étaient évidemment visés. Mais le Premier ministre pensait peut-être, aussi, aux frondeurs et aux turbulents communistes. Il n'a en tout cas pas été déçu.
"Nous refusons de participer à cette espèce de mascarade". Après le départ des élus de l'opposition – qui ont ensuite déposé une motion de censure qui sera discutée jeudi - certains parlementaires communistes ont laissé éclater leur colère. C'est inacceptable!", a tonné André Chassaigne, député communiste, dans la salle des quatre colonnes, dénonçant un "déni de démocratie".
Les rappels à l'ordre de Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, sont restés lettre morte. "On quitte l'hémicycle ! Nous boycottons le Premier ministre dans la mesure où il est en train de bafouer la démocratie dans ce pays, nous refusons de participer à cette espèce de mascarade", a poursuivi le chef de file des députés Front de gauche, très énervé. Et les élus PCF de quitter la salle, annonçant ensuite leur intention de déposer une motion de censure contre le gouvernement. Comme la droite.
"Je n'ai pas été élu pour défendre le programme du Medef". "Ce gouvernement ne peut pas continuer à se comporter comme ça, c'est-à-dire à conduire une politique libérale avec une atteinte sans précédent aux droits des salariés. Et passer en force", a poursuivi la députée PCF Marie-George Buffet sur LCP. "Je n'ai pas été élu pour défendre le programme du Medef", a ironisé le député frondeur Pascal Cherki. Europe Ecologie-Les Verts a également dénoncé le "passage en force" de Manuel Valls, jugeant que ce "déni de démocratie" montre que le gouvernement n'a "pas de majorité" pour voter ce texte.