Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin va proposer jeudi d'introduire un amendement garantissant la liberté de la presse dans la proposition de loi "sécurité globale", a indiqué son entourage à l'AFP. Ce texte est actuellement examiné à l'Assemblée et suscite une polémique autour de l'image des policiers.
Cet amendement, qui sera proposé lors d'une rencontre dans la soirée avec le patron des députés LREM Christophe Castaner autour du Premier ministre Jean Castex, viendra "préciser l’article 24", très critiqué par les opposants au texte, pour garantir que "la liberté de la presse n’est bien entendue en rien menacée", a-t-on ajouté de même source. Cet article prévoit de pénaliser d'un an de prison et 45.000 euros d'amende la diffusion de "l'image du visage ou tout autre élément d'identification" d'un policier ou d'un gendarme en intervention, lorsque celle-ci a pour but de porter "atteinte à son intégrité physique ou psychique".
Pénaliser la diffusion d'images de policiers, une proposition qui fait polémique
L'amendement, qui sera proposé lors d'une rencontre jeudi soir avec le patron des députés LREM Christophe Castaner autour du Premier ministre Jean Castex, viendra "préciser l’article 24" pour garantir que "la liberté de la presse n’est bien entendu en rien menacée", a confié l'entourage de Gérald Darmanin. Des députés LREM, comme Roland Lescure, avaient suggéré de "peut-être faire évoluer la rédaction" de cet article pour rappeler la "liberté de la presse". Soutenue par les syndicats policiers, la mesure pénalisant la diffusion d'images des policiers fait bondir représentants des journalistes et défenseurs des libertés publiques.
Les députés MoDem, alliés de la majorité, avaient fait part de leur volonté de supprimer cette disposition du texte. "Darmanin a pesé pour ne pas supprimer l'article 24, ce que voulaient faire certains. C'est tranché, il n'y a pas de suppression", a affirmé à l'AFP une source proche du dossier. L'amendement proposera également "d'ajouter l'adverbe 'manifestement' ('Dans le but qu’il soit manifestement porté atteinte à son intégrité physique ou psychique') afin de caractériser l’intention" de nuire, a poursuivi l'entourage du ministre de l'Intérieur.
Gérald Darmanin avait froissé certains "marcheurs" la semaine dernière en évoquant un durcissement de la mesure, via le floutage obligatoire des forces de l'ordre, mais il n'y fait plus référence depuis.
"Sécurité globale" : syndicats et rédactions dénoncent des atteintes à la liberté d'informer. Des syndicats de journalistes (dont la Société des rédacteurs d'Europe 1), de nombreuses rédactions et d'autres organisations ont dénoncé dans un texte commun des "atteintes à la liberté d'informer" commises par les forces de l'ordre lors du rassemblement organisé mardi à Paris contre la proposition de loi "Sécurité globale". Ils disent condamner "avec fermeté les violences et menaces à l'encontre de journalistes, commises par des forces de l'ordre à la fin de ce rassemblement pacifique", et notamment le placement en garde à vue d'un journaliste de France 3 Paris-Ile de France et d'une photoreporter du média en ligne Taranis News.
Les signataires comprennent des syndicats (SNJ, SNJ-CGT, CFDT Journalistes, SGJ-FO), la Ligue des droits de l'homme, des collectifs comme Reporters en colère ou Profession : pigiste, et les Sociétés des journalistes d'une trentaine de médias dont Le Monde, Libération, le Figaro, l'AFP, BFMTV, Le point, L'humanité, France 3, France Inter, franceinfo, L'Obs, L'Express, RTL...