François Hollande et Manuel Valls ont joué aux "apprentis sorciers" avec la loi Travail, en imposant un "projet multiminoritaire" et "d'inspiration néolibérale", déplore dans un livre Jean-Claude Mailly, numéro un de Force Ouvrière. Dans cet ouvrage à paraître le 30 novembre, intitulé Les apprentis sorciers. L'invraisemblable histoire de la loi travail (éditions Les Liens qui Libèrent), le secrétaire général de FO a souhaité "raconter ces mois de tensions, de rebondissements, de dialogue de sourds et de mobilisations et en tracer la genèse". En cent pages, il explique pourquoi cette réforme est "un échec sur toute la ligne". "Plusieurs explications se combinent", dont "un certain amateurisme" de l'équipe gouvernementale puisque "peu de personnes ont l'expérience d'une réforme sociale importante". En outre, "le projet a plusieurs pilotes: Elysée, Matignon, ministère du Travail, Bercy". "C'est le crash assuré".
La CFDT dans le viseur. "Chez les socialistes, demeure cette idée pour le moins étrange qu'ils savent mieux que les syndicats ce qui est bon pour les salariés", tacle le numéro un de FO, qui de février à septembre a mené la fronde contre cette loi avec la CGT, FSU ou Solidaires. Il fustige aussi la CFDT et son numéro un, Laurent Berger, avec qui il est brouillé depuis "octobre 2015" à la suite de l'accord sur les retraites complémentaires. "Nous ne nous parlons plus", dit-il. La CFDT, principal soutien de la loi Travail, "a tendance parfois à se considérer à elle seule comme un mouvement social et politique", raille Jean-Claude Mailly. Avec Philippe Martinez, numéro un de la CGT, l'alliance autour de la loi Travail "a fonctionné correctement" : "Aucun coup tordu entre nous".
Hollande et Valls sévèrement critiqués. Selon Jean-Claude Mailly, adhérent PS depuis 1986, le président de la République et le Premier ministre ne sont guère sensibles aux questions sociales. Pour François Hollande, "le social de manière générale n'est pas son histoire". "Il est convivial, disponible. Mais il est difficile d'avoir une réponse précise (...) J'en viens à me dire que le voir ne sert à rien". Quant à Manuel Valls, "il a une culture républicaine et un comportement autoritaire, mais nos sujets l'intéressent moins", contrairement à son prédécesseur à Matignon Jean-Marc Ayrault, "un vrai social-démocrate".
Avec la loi Travail, MM. Hollande et Valls ont imposé un projet "multiminoritaire" et "d'inspiration néolibérale sans en assumer l'étiquette", en faisant "une question personnelle et politique dans des perspectives électorales". Jean-Claude Mailly rappelle également ses liens d'amitié avec Martine Aubry ("nous nous fréquentons depuis plus de 30 ans") et Laurence Parisot. En revanche avec son successeur à la tête du Medef Pierre Gattaz, "les relations sont difficiles", dit-il.