L’examen de la loi El Khomri s’ouvre mardi à l’assemblée, et devrait s’accompagner de débats particulièrement houleux. Les députés socialistes sont nombreux à juger que le compte n’y est toujours pas, malgré les aménagements dont le texte a fait l’objet. À ce stade, 40 députés socialistes son susceptibles de voter contre, un nombre qui dépasse l’étiage habituel des seuls frondeurs, et qui pourrait obliger le gouvernement à faire usage du 49.3. L’enjeu est donc élevé pour les députés, et d’autant plus que l’électorat de gauche est toujours très hostile à cette loi. La militante féministe et ex-cadre du parti Caroline de Haas a même créé un hashtag sur twitter "#onsensouviendra".
Les députés sous pression. "Rien que la nuit dernière j’ai reçu 50 mails", raconte un élu de Paris. L'un de ses collègues, élu en Seine-Saint-Denis, abonde : "Ce sont des responsables associatifs, des militants, des gens qui pèsent… Ils m’appellent ils m’envoient des SMS". Un troisième, élu de la Loire, assure recevoir des mails depuis trois semaines à un rythme régulier. À chaque fois, le message reçu a des allures d’ultimatum, laissant entendre qu’un soutien à l’éventuelle candidature de François Hollande en 2017 pourrait être conditionné à un vote contre la loi. Ainsi, à la vingtaine de frondeurs habituels, s’ajoute désormais une quinzaine de députés hostiles. Certains confient même qu’ils espèrent le 49.3 pour pouvoir dire à leurs électeurs qu’ils n’ont rien pu faire. Une attitude qui consterne le député du Cher Yann Galut : "Ce n’est pas comme ça que l’ont fait de la politique et que l’on assume le fait d’être socialiste", déplore-t-il au micro d’Europe 1.
"La loi El Khomry c’est la gauche !" Tant que l’image de la loi sera, à tort ou à raison, celle de la casse sociale et du dumping, l’électorat de gauche y restera fermement opposé."La loi El Khomri, c’est la gauche ! Ce sont des droits supplémentaires ! C’est le progrès", s’exaspérait récemment en privé François Hollande. Un avis qu’il est presque le seul à partager. lundi après-midi, la ministre du Travail a discrètement reçu une délégation de quatre frondeurs, dont Laurent Baumel et Christian Paul. Mais la rencontre n’aura servi qu’à acter, poliment mais fermement, un désaccord de fond.