Entre Édouard Philippe et son ancienne famille politique, l'heure n'est pas à la réconciliation. Dans une interview publiée lundi dans Le Figaro, le Premier ministre dénonce les "postures politiciennes" d'une partie de Les Républicains, et regrette "une reconstruction de la droite du Trocadéro", en référence au rassemblement de soutien à François Fillon du 5 mars 2017. Cette manifestations, organisée notamment par des membres de la Manif pour Tous, avait été perçue à l'époque dans l'aile modérée du parti comme un signe de la radicalisation des militants du parti de droite.
"Qu'il y ait en ce moment une reconstruction de la droite du Trocadéro, sans doute. Est-ce qu'elle se rapproche de la droite moderniste, proeuropéenne, pour laquelle je militais avec Alain Juppé ? Je ne crois pas", analyse dans Le Figaro l'ancien maire du Havre, qui fut le directeur de campagne d'Alain Juppé lors de la primaire de la droite et du centre perdue face à François Fillon. Et Édouard Philippe de fustiger une droite "en rupture complète avec l'héritage de Jacques Chirac", car "incapable de dire si elle préférait voter pour Emmanuel Macron ou pour Marine Le Pen".
Édouard Philippe dénonce "des postures politiciennes"
"Cette droite du Trocadéro était déjà très forte dans le maniement des objectifs et des symboles, mais je le constate depuis que je suis à Matignon, elle n'a que des postures politiciennes à opposer à ceux qui font des choix courageux", cingle encore le chef du gouvernement.
En mars 2017, plusieurs milliers de personnes s'étaient rassemblées sur l'esplanade du Trocadéro, pour apporter leur soutien à un François Fillon à la campagne alors plombée par "l'affaire Pénélope". Une démonstration de force qui avait relancé le candidat fragilisé, dont certains réclamaient le remplacement par Alain Juppé, et pour l'organisation de laquelle avaient oeuvré des anciens de la Manif pour tous et des militants de Sens commun. Le lendemain de ce rassemblement, Alain Juppé, annonçant son refus d'être le recours à droite, avait estimé que manifestation du Trocadéro montrait que "le noyau des militants LR", s'était "radicalisé".
La droite "Trocadéro" ? Une droite "qui ne trahit pas", réplique Éric Ciotti
Au sein de LR, la charge d'Édouard Philippe a provoqué de vives réactions. "Je préfère appartenir à la droite 'Trocadéro' qu'à la droite 'Mercato'", a cinglé le secrétaire général des Républicains et député du Vaucluse Julien Aubert. "Je n'ai pas honte d'incarner, comme des milliers de Français, cette droite 'Trocadéro'. Pour moi, pour nous, c'est une droite qui ne trahit pas, une droite fidèle à ses valeurs et à son candidat, c'est une droite qui ne se renie pas dès qu’il y a une difficulté", a de son côté renchéri la députée des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer, secrétaire générale adjointe du parti représenté par François-Xavier Bellamy aux prochaines élections européennes.
Je préfère appartenir à la « Droite #Trocadero » qu’à la Droite #Mercato. @lesRepublicains@valerieboyer13@ECiottihttps://t.co/BBM4w47bTS
— Julien Aubert (@JulienAubert84) 13 mai 2019
La "trahison" d'Édouard Philippe, à qui son ancienne famille politique n'a jamais pardonné d'avoir rejoint Emmanuel Macron, est également pointée par Eric Ciotti, élu des Alpes-Maritimes et proche de Laurent Wauquiez. "La droite 'Trocadéro', c'est la famille qui ne rompt pas dans la tempête. Celle qui ne trahit pas ses valeurs pour des postes auprès d'un ancien ministre socialiste. Celle qui considère qu'il y a une culture française".
.@EPhilippePM la droite « Trocadero » c’est la famille qui ne rompt pas dans la tempête.
— Eric Ciotti (@ECiotti) 12 mai 2019
Celle qui ne trahit pas ses valeurs pour des postes auprès d’un ancien ministre socialiste
Celle qui considère qu’il y a une culture française
Avec @lesRepublicains nous sommes la droite! pic.twitter.com/beEEOvZHGu