S'il y a une seule ville à retenir pour illustrer la déferlante verte qui a marqué le second tour des municipales, c'est Lyon. Incarnée par Gérard Collomb, la majorité présidentielle, qui est allée chercher des alliés jusqu’à la droite de Laurent Wauquiez, n’a pas résisté à une alliance des gauches. Grégory Doucet, père de famille de 46 ans, l’un des responsables de l'association humanitaire Handicap International, se retrouve ainsi à la tête de la municipalité alors qu’il était encore inconnu il y a neuf mois. Idem pour son collègue Bruno Bernard, patron d'une entreprise de désamiantage de 25 salariés, et désormais président de la puissante Métropole de Lyon, qui réunit 59 communes pour 3,5 milliards d'euros de budget. Les écologistes peuvent désormais mettre en œuvre l’ensemble de leur programme sans avoir à composer avec des alliances.
De quoi provoquer l’étonnement de nombreux Lyonnais, qui ne s’attendaient pas à ce que les verts récupèrent l’ensemble des leviers du pouvoir. Une forme de méfiance, mais sans hostilité de principe, était palpable lundi matin chez les plus âgés des électeurs. "Il faut qu’ils fassent leurs preuves. Je ne sais pas si ce sont de bons gestionnaires", confie à Europe 1 une retraitée croisée dans les rues de la capitale des Gaules. "En six ans, on aura le temps de les juger sur pièce", estime un autre Lyonnais.
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"Ça va me gonfler s’ils mettent des pistes cyclables partout"
"Il ne faut pas qu’ils en fassent trop d’un coup. Ils vont se mettre les gens à dos s’ils révolutionnent tout, tout de suite", avertit encore une électrice. Avant de s’emporter : "Ça va me gonfler s’ils mettent des pistes cyclables partout. Qu’ils mettent un flic derrière chaque vélo qui manque de nous reverser en passant un feu rouge !"
Les Lyonnais devraient être servis rapidement. Lundi matin, Grégory Doucet était déjà au travail, le nouveau maire n’a même pas pris le temps de célébrer sa victoire. Il s’est couché tôt, avant un entretien de passation avec Gérard Collomb. Il entend se saisir rapidement des dossiers chauds de la ville, à savoir la crise sanitaire et le plan de soutien au monde culturel.
"C’est une bonne chose que les verts soient passés à Bordeaux"
Autre séisme électoral, historique cette fois, à Bordeaux qui passe à gauche pour la première fois depuis 1947. Opposant depuis 1995, l’écolo Pierre Hurmic, surnommé le "catho basque", en référence à sa terre d’origine et à son engagement spirituel, a retrouvé son équipe de campagne dans la matinée pour préparer la transition.
Cette élection a d’autant plus surpris les Bordelais que le dernier sondage dans la ville plaçait le maire sortant, Nicolas Florian, héritier désigné d’Alain Juppé, nettement en tête des intentions de vote. "Je suis très contente de ce changement pour la ville", avoue une électrice. "Notre génération a plus conscience qu’avant de l’enjeu climatique. C’est une bonne chose que les verts soient passés à Bordeaux", abonde un autre habitant.
La transition pourrait toutefois se faire avec plus de douceur qu’à Lyon : le futur maire de Bordeaux a déjà annoncé sa volonté de confier la présidence de la Commission des finances municipales à un élu d’opposition.