Discours fleuve pour visite attendue. Mardi, à l'université de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, Emmanuel Macron a délivré un discours de plus d'une heure et demie sur la "nouvelle page" de la relation entre la France et l'Afrique.
Sur l'avenir de l'Afrique
"Je ne serai pas du côté de ceux qui voient dans l’Afrique le continent des crises et des misères ni de ceux qui voient l’Afrique parée de toutes les vertus. Je considère que l’Afrique est le continent central, global, incontournable. C’est ici que se concentrent tous les défis, que se jouera le basculement du monde."
Sur la lutte contre le terrorisme
"Nos deux pays ont été frappés et meurtris par un terrorisme islamiste qui s’est construit dans la zone irako-syrienne mais également dans la bande sahélo-saharienne. Aujourd’hui, nous continuons à être présents. C’est la force Barkhane présente dans la bande sahélo-saharienne qui est là. (…) L’ambition des jeunes soldats français, c’est de permettre à leurs frères d'armes burkinabés, maliens, tchadiens de rejoindre leurs postes et de protéger leur population. C’est pour cela que nous avons lancé la force G5 Sahel. Nous devons accélérer ce travail lancé en juin dernier."
Sur les conflits politiques en Afrique
"L'Afrique n’a jamais connu autant de conflits internes, de blocages autour de ses Constitutions et de ses élections. Dans ces domaines, je ne vous donnerai pas de leçons. Un président français n’a pas à expliquer comment on organise des élections, comment on organise une vie démocratique."
Sur "l'obscurantisme", autre menace
"Il est temps aujourd’hui de faire barrage à l’extrémisme religieux en le combattant partout, dans les discours politiques et dans l’action. La priorité doit être d’aller encore plus loin dans ce combat, nous devons éradiquer le financement de cet extrémisme. (…) Je serai aux côtés de tous les chefs d’Etat et de gouvernement africains qui feront le choix de la scolarisation obligatoire des jeunes filles.
Sur la démographie
"La démographie, ça ne se décrète pas, ça ne se dicte pas. (…) Elle doit être un choix, en particulier pour les jeunes filles et les femmes. Partout où vous avez 7-8-9 enfants par femme, êtes-vous bien sûr que c’est le choix de ces jeunes filles ? Dans mon pays des familles ont fait ce choix, c’est leur choix, je n’ai pas à juger. Mais je veux être sûr que partout en Afrique, ce soit bien le choix de ces jeunes filles."
Sur le changement climatique
"Ce n’est pas une lubie pour pays développé, le changement climatique, c’est vital, c’est ce qui peut transformer, bousculer des régions entières de l’Afrique. L’Afrique peut être à l’avant-garde des solutions. Je souhaite que la France, par ces entreprises et ses opérateurs, soit le partenaire privilégié de l’Afrique dans le domaine de l’adaptation au changement climatique. Je pense notamment aux énergies renouvelables."
Macron annonce un fonds pour l'entrepreneuriat
Pour faciliter l'innovation en Afrique, Emmanuel Macron a annoncé la création d'un fonds d'un milliard d'euros pour aider le continent à créer 450 millions d'emplois d'ici 2025 : "Ce fonds que nous allons créer permettra de faire même plus qu’un milliard d’euros, multiplier par dix cet objectif pour avoir une enveloppe qui permettra de financer des projets, des entrepreneurs africains dans les domaines du numérique, de l’agriculture."
D'autres annonces du président de la République :
- "La France n’investira plus uniquement pour faire des opération de gouvernement à gouvernement. Elle n'investira plus pour que des grands groupes participent à des opération de corruption organisée", annonce le chef de l'État.
- Une saison des cultures africaines en France en 2020 pour "aider au parachèvement d’une histoire d’Afrique écrite par les Africains".
- En vue des Jeux de 2024, un plan "d'envergure européenne" permettant "aux sportifs africains de venir s’installer en France et avoir les meilleures installations. J’aimerais que les sportifs africains disposent aussi d’installations durables."