Pour son premier déplacement hors d'Europe, le président Emmanuel Macron se rend vendredi sur la base de Gao au Mali. Une visite pour donner une nouvelle dimension à l'engagement de la France, présente sur place depuis quatre ans pour lutter contre les djihadistes. L'Élysée a choisi Gao car il s'agit de la plus importante base des forces françaises engagées à l'extérieur.
Réaffirmer sa détermination. Moins d'une semaine après son entrée en fonction, le chef de l'État veut non seulement marquer sa "détermination" à poursuivre l'engagement au Sahel, mais aussi l'inscrire dans une coopération renforcée avec l'Allemagne. Il entend encore compléter l'action militaire par une stratégie d'aide au développement, a indiqué son entourage, comme le réclament d'ailleurs des organisations humanitaires.
Un premier incident médiatique. Il sera accompagné par ses ministres Jean-Yves Le Drian (Europe et Affaires étrangères) et Sylvie Goulard (ministre des Armées), ainsi que par le directeur général de l'Agence française de développement (AFD) Rémy Rioux. Vingt-cinq journalistes seront également du déplacement, alors qu'une quinzaine de sociétés de journalistes - dont celle d'Europe 1 -, des directeurs de rédaction et Reporters sans frontières ont protesté jeudi contre l'organisation de sa communication, notamment du choix des journalistes l'accompagnant au Mali.
Une présentation officielle aux forces armées. À son arrivée, il sera accueilli par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, avec qui il aura un entretien sur la lutte contre le terrorisme, le dossier sahélien, le volet politique du dossier et la difficile mise en oeuvre des accords de paix de 2015. Le nouveau chef des armées devrait aussi s'adresser aux 1.600 soldats déployés sur la base de Gao dans le cadre de l'opération Barkhane.
Il compte également se faire expliquer dans le détail le plan de bataille par les commandants en charge de la manoeuvre sur le terrain, de voir la condition de ces hommes et de ces femmes sur une zone particulièrement difficile avec des déserts, des montagnes, des distances équivalentes à la moitié de l'Europe. Sans parler de la météo, très rude, avec des pointes à 45°C à l'ombre. Il visitera enfin les différents ateliers de réparation des matériels, mais aussi la chaîne de secours.
Une coopération internationale renforcée. Davantage que François Hollande, le nouveau président veut mettre l'accent, selon son entourage, sur la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme, avec les autres pays européens, notamment l'Allemagne, premier contributeur de la Minusma, mission de maintien de la paix de l'ONU au Mali. La France veut "une impulsion franco-allemande pour que l'Europe joue un rôle croissant dans les dossiers de sécurité et de défense, dont ceux de l'Afrique et du Sahel". Une question déjà évoquée lundi avec Angela Merkel.
Des zones encore aux mains des djihadistes. Le Nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda, qui ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France. Des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes.
Quelque 17 militaires français ont été tués au Mali depuis l'intervention Serval en janvier 2013, à laquelle a succédé en août 2014 l'opération Barkhane (4.000 hommes), étendue sur cinq pays du Sahel (Mali, Burkina-Faso, Mauritanie, Niger et Tchad), selon un décompte de l'AFP.