Une nouvelle journée de campagne bien chargée pour Emmanuel Macron. Après le Nord lundi, le président-candidat est dans l'Est ce mardi. Au programme : bain de foule le matin à Mulhouse, et rencontre avec des soignants, puis direction Châtenois sur le thème de la sécurité. Le président a été confronté au bilan de son quinquennat. Il a notamment été pris à partie par des soignants. "Les lits ferment", lui oppose une soignante. "Mais pourquoi, parce qu'il nous manque du personnel", avance-t-il, en tentant de défendre son bilan. "Pourquoi on manque de personnel", continue-t-elle. "Les jeunes ne veulent pas travailler à un salaire qui n'est pas décent", insiste-t-elle auprès de l'actuel locataire de l'Élysée.
Ses interlocuteurs ne sont pas convaincus, mais le président insiste : "On a réinvesti comme la nation n'avait jamais investi dans l'hôpital." Emmanuel Macron veut aller chercher les voix de ces électeurs de Jean-Luc Mélenchon. "Les minima sociaux ont baissé. Vous avez fait la chasse aux chômeurs, des chômeurs ont été radiés", assène l'un d'eux. "C'est faux. Ce que vous dites n'est pas juste factuellement", oppose Emmanuel Macron.
Des tacles envers Le Pen
Quelques minutes plus tard, face aux journalistes, il s'en prend directement à sa rivale du second tour de la présidentielle. "Je n'oublie pas ce que Madame Le Pen a aussi dit constamment pendant la crise du Covid. Elle allait soigner les gens à la chloroquine, elle allait vacciner massivement avec un vaccin russe dont même l'Organisation mondiale de la santé a déclaré qu'il n'était pas efficace", tacle le président. "Il ne faut pas simplement suivre le vent et être dans la démagogie. Ça peut marcher quand il n'y a pas de pression. Pendant les crises, ça peut être fatal", assure-t-il.
Des remarques dirigées à propos de la santé, mais aussi sur l'Europe. "Madame Le Pen raconte comme d'habitude des carabistouilles. Elle explique qu'elle ne paiera pas la facture du club, qu'elle en changera les règles, mais qu'elle en changera les règles toute seule", s'étonne-t-il. "Ça veut dire qu'elle veut en sortir, mais qu'elle n'ose plus le dire. C'est jamais bon." Pour mieux appuyer son propos, Emmanuel Macron est mardi soir dans le centre-ville de Strasbourg, non loin du siège du Parlement européen.
Un accueil mitigé à Mulhouse
Le président est en terres favorables, puisqu'il est arrivé en tête au premier tour en Alsace, et il n'hésite pas à aller au contact des habitants. Pour autant, arrive-t-il à convaincre les réfractaires ? La plupart du temps, oui, mais ça dépend où. À Mulhouse, ce mardi matin, où Emmanuel Macron n'est pas arrivé en tête au premier tour, l'accueil était mitigé. Ce soignant par exemple a voté Éric Zemmour. Mais après un quart d'heure d'échanges avec le président sur l'état de l'hôpital, il s'avoue un peu décontenancé. "C'est vrai, il a réussi à mettre un peu dans le doute", concède le Mulhousien. "Il y a eu des poignées de main sincères. Tout ce qu'il m'a dit, s'il le met en application, je lui dirai : 'Monsieur Macron, vous aviez raison'. Mais il faut qu'il le prouve."
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Beaucoup d'électeurs de Jean-Luc Mélenchon, en revanche, ne se sont pas laissés séduire et ne se disent pas dupes de la promesse d'Emmanuel Macron d'adoucir sa réforme des retraites. Selon un habitant, électeur de gauche, c'est "parce qu'il veut avoir des électeurs de Mélenchon dans la poche, c'est tout", avant d'ajouter que pour "certains, ça va marcher, mais je pense que pour une bonne partie, ça ne marchera pas. Moi, ça ne marchera pas".
Des déplacements ruraux appréciés
Autre ambiance mardi après midi à Châtenois, une petite commune de 4.000 habitants qui a largement voté Emmanuel Macron. Ici, tout le monde ou presque est convaincu, "par son attitude, par ses gestes, par sa gentillesse", détaille une habitante. "Je pense qu'effectivement, le fait qu'il se déplace partout, et pas seulement dans des métropoles, mais aussi dans des petits territoires ruraux, ça peut convaincre des citoyens à voter pour lui et à le suivre", explique un autre Castinétain.
Il va maintenant falloir convaincre les Strasbourgeois. Ce sera sans doute plus compliqué, puisque la capitale alsacienne a majoritairement voté Jean-Luc Mélenchon dimanche dernier.