Incarner la France. Voilà, rien de moins, ce que va tenter de faire Emmanuel Macron dimanche à Orléans, à l’occasion des Fêtes de Jeanne d’Arc, qu’il va présider. Incarner la France le temps d’un discours donc, mais aussi évoquer la République. "D’autres parlent de la République comme d’un slogan, Emmanuel Macron va lui donner du contenu, du corps", annonce l’une de ses plumes à Europe 1. La critique, implicite, sur ces beaux parleurs de la République vise non pas François Hollande mais Manuel Valls, le meilleur ennemi du ministre de l’Economie.
La Jeanne d'Arc historique. Si Emmanuel Macron veut s’appuyer sur Jeanne d’Arc, c’est pour s’identifier à cette héroïne de l’Histoire de France en expliquant qu’elle est comme lui, de droite et de gauche. Exemple : Jeanne d’Arc est une figure de justice. Le ministre la convoque pour incarner le combat pour l’égalité des chances; Jeanne d’Arc lutte pour l’unité nationale, Emmanuel Macron expliquera donc que lui aussi, en cherchant à réconcilier ceux qui enfourchent la mondialisation pour réussir et ceux qui la subissent.
Et la Jeanne d'Arc moderne : Ségolène Royal. Pourtant, Jeanne d’Arc reste aujourd’hui marquée à droite, voire à l’extrême droite. Elle est célébrée tous les ans par la famille Le Pen, et en janvier 2012, Nicolas Sarkozy lui avait rendu hommage à Domrémy. Mais avant le ministre de l’Economie, une autre personnalité de gauche avait voulu récupérer la figure de la "Pucelle d’Orléans". C’est Ségolène Royal, qui lui consacrait en 2013 un chapitre entier dans son ouvrage Cette belle idée du courage. Et cela n’est pas anodin. Car la Jeanne d’Arc moderne d’Emmanuel Macron, c’est bien l’actuelle ministre de l’Environnement.
La politique autrement, la démocratie participative… des thèmes déjà mis en avant par Ségolène Royal. La plate forme En Marche d’Emmanuel Macron est une transposition, avec en plus la patte des communicants Euro-RSCG, de Désirs d’avenirs, son réseau de citoyens hors du PS. Ségolène Royal voulait incarner la rupture avec le monde ancien et le dépassement du clivage gauche-droite, Emmanuel Macron fait exactement la même chose. Enfin, Ségolène Royal avait sonné à l’interphone de François Bayrou entre les deux tours de la présidentielle de 2007, Emmanuel Macron, lui, espère qu’il ne restera pas sur le palier.