Maintes fois annoncé, maintes fois démenti, le départ d’Emmanuel Macron du gouvernement semble cette fois bel et bien sur le point d’être acté. Selon plusieurs médias, le ministre de l’Economie et François Hollande se sont parlés au téléphone mardi matin, et Emmanuel Macron pourrait se rendre dans l’après-midi à l’Elysée pour présenter sa démission au président de la République. Si aucune confirmation n’a été apportée pour l’heure, il règne un silence assourdissant tant à Bercy qu’au palais présidentiel. Et, fait notable, aucun démenti n’a été apporté. Par ailleurs, le ministre aurait fait part de sa décision à ses collaborateurs.
Confiance rompue. Cette issue n’aurait rien de surprenant. Car depuis plusieurs semaines, sinon plusieurs mois, la confiance entre François Hollande et Emmanuel Macron est rompue. L’ancien banquier d’affaires fut pourtant l’un des chouchous du président au début du quinquennat. Il avait été l’un des artisans de sa campagne en 2012, puis secrétaire général adjoint de l’Elysée, avant d’être nommé le 26 août 2014 ministre de l’Economie, à seulement 36 ans. Mais son émancipation n’a pas été vue d’un bon œil par le chef de l’Etat. En avril dernier, Emmanuel Macron a créé son propre mouvement, En marche. Il ne se prive pas, par ailleurs, de donner son avis sur plusieurs sujets, parfois même en dehors de son domaine de compétence, comme sur la déchéance de nationalité.
Tension avec Valls et avec la gauche. En outre, ses relations avec Manuel Valls se sont elles aussi largement détériorées. Le Premier ministre a pris ombrage de la popularité de son ministre de l’Economie, mais aussi de sa liberté de ton. Les recadrages du Premier ministre sont devenus de plus en plus fréquents, jusqu’à un accrochage mémorable, en mai dernier en pleine Assemblée nationale, après un déplacement controversé de son ministre à Londres.
Et puis Emmanuel Macron ne cache plus, ces derniers, temps, son envie de reprendre sa liberté en vue de l’élection présidentielle. Et ses prises de distance avec la gauche deviennent de plus en plus claires. Le 19 août dernier, il déclarait ainsi, au côté de Philippe de Villiers au Puy du Fou : "L'honnêteté m'oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste". Peut-être la provocation de trop.
Quel rôle pour 2017 ? Emmanuel Macron devrait donc reprendre sa liberté à huit mois de l’élection présidentielle de 2017, et ce n’est sans doute pas un hasard. L’ancien banquier d’affaire veut peser dans le scrutin, par le biais, ou non, d’une candidature. Le mystère, pour l’heure, reste entier. L'éventuelle sortie du gouvernement du fondateur du mouvement En marche ne signerait en tout cas certainement pas la fin de sa carrière politique.