Baisse dans les sondages, polémique sur le report du plan pauvreté, difficulté à se démarquer de son image de "président des riches", les nuages s'amoncellent au dessus d'Emmanuel Macron, qui jouera gros, lundi, lors de son discours devant le Congrès à Versailles. Pourtant, le président de la République s'exprimera devant une assemblée dégarnie, comme il y a un an, plusieurs partis ayant fait part de leur refus de venir l'écouter.
Contre la "monarchie présidentielle", les Insoumis boycottent. Comme en 2017, où ils dénonçaient une "monarchie présidentielle", les députés du groupe de Jean-Luc Mélenchon n'iront pas à Versailles. "Le monarque Emmanuel Macron recevra de nouveau les représentants du peuple à Versailles. Ils auront le droit d'écouter sa majesté et de lui répondre une fois qu'il sera parti. Ce nouveau monde a tout de l'ancien régime et rien de la République. Ce sera sans nous", a tancé l'élu LFI Eric Coquerel.
LR en ordre dispersé. Le député LR de Moselle Fabien di Filippo, a déjà écarté l'idée d'assister au Congrès : "c'est juste de la communication politique à 500.000 euros. Par respect, je n'irai pas". Comme en juillet 2017, ses camarades de groupe Pierre Cordier et Julien Dive n'iront pas non plus. La majorité des autres parlementaires devrait en revanche être présente. De son côté, le patron du parti Laurent Wauquiez a prévenu : "Si j'étais député, j'y serais allé moi-même et comme chef et responsable de ma famille politique, je considère qu'il faut que nos députés et nos sénateurs y aillent".
Les communistes au Jeu de paume. Contrairement à l'an passé, les députés et sénateurs communistes seront bien à Versailles, mais pas pour voir "l'apprenti monarque Emmanuel Ier (...) asseoir sa toute puissance", selon les mots de la sénatrice Cécile Cukierman. Avant le discours du chef de l'État, députés et sénateurs prêteront "le serment de défendre une République démocratique", devant la salle du Jeu de paume, et appelleront à un référendum sur la réforme des institutions.
Une référence à un événement fondateur de la Révolution, lorsque le 20 juin 1789 les députés du Tiers état, associés à quelques députés du clergé et de la noblesse, avaient juré de ne "jamais (se) séparer (...) jusqu'à ce que la Constitution du royaume fût établie et affermie par des fondements solides".
Quelques rares absents chez les socialistes. Les parlementaires socialistes devraient également participer au Congrès, excepté quelques membres qui ont invoqué des raisons personnelles et non politiques, selon une source dans le parti. Mais le député hamoniste Régis Juanico, qui a quitté le parti, passera son tour: "On ne convoque pas le Congrès par convenance personnelle (...) (et) nous devons résister face à ce qui s'apparente à une tentative de confiscation démocratique des institutions".
Marine Le Pen et le RN présents mais distants. Le boycott, très peu pour elle. Selon Marine Le Pen, la décision des Insoumis est "un moyen d'exister". La présidente du RN (ex-FN) se rendra à Versailles "même si on sait que ça va être probablement un long plaidoyer pour l'Europe fédérale, pour l'intégration européenne, (...) pour le libre-échange absolu, (...) dont il est le meilleur défenseur".
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, sera également présent : "Emmanuel Macron méprise profondément les parlementaires mais je ne ferai pas pareil que lui", a expliqué l'ancien candidat à la présidentielle.
Un déjeuner qui fait flop
Avant le discours, Emmanuel Macron invite à déjeuner les ténors des deux chambres, mais comme l'an dernier des chaises resteront vides. Les présidents des groupes LR de l'Assemblée et du Sénat seront absents pour la deuxième année, comme les vice-présidents de l'Assemblée Annie Genevard et Marc Le Fur et le questeur Eric Ciotti.
"Je vais déjà subir le discours du trône, alors le souper du roi...", a glissé le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau. Les députés PS membres du bureau de l'Assemblée ont aussi "décliné l'invitation à déjeuner". Président du groupe communiste à l'Assemblée, André Chassaigne fera faux bond, comme son homologue du Sénat Eliane Assassi. Sans parler des Insoumis.