L'élection présidentielle de 2022 sera-t-elle une redite de celle de 2017 ? Alors qu'aucun candidat, ni à gauche, ni à droite de l'échiquier politique, ne semble pour l'heure émerger face à Emmanuel Macron et Marine Le Pen, l'historien Patrick Buisson, réputé pour avoir été l'une des éminences grises de Nicolas Sarkozy durant la campagne de 2007 et son quinquennat, estime que le président sortant et la cheffe de file du Rassemblement national risquent de se livrer à toutes les outrances pour antagoniser la prochaine campagne présidentielle. "Je crains que le deuxième tour soit l'affrontement des marchands de peurs", a déclaré Patrick Buisson mercredi, au micro d'Europe Matin.
"La droite n'aura pas de candidat susceptible de se qualifier au second tour"
L'essayiste déplore notamment "l'impasse" dans laquelle se trouve selon lui la droite des Républicains, incapable de présenter une alternative crédible à l'affrontement qui s'esquisse. "Pour la première fois dans une élection présidentielle, la droite n'aura pas de candidat susceptible de se qualifier au second tour, c'est-à-dire de bénéficier du réflexe de vote utile", estime Patrick Buisson. "On connaît le processus du troisième homme - souvenez vous de Chevènement en 2002 -, qui est appelé à être laminé en cours de campagne", rappelle-t-il.
À ses yeux, des ralliements entre le parti présidentiel et Les Républicains, à l'image de celui qui s'est mis en place ce week-end entre Renaud Muselier et Sophie Cluzel pour les régionales en PACA, font grimper la cote de réussite du RN au second tour, en risquant de faire totalement fuir l'électorat de gauche. "Si Nicolas Sarkozy devait soutenir Emmanuel Macron - hypothèse plausible d'après ce que nous entendons -, il ouvrirait un boulevard à Marine Le Pen, car cela démobiliserait l'électorat de gauche, censé faire front républicain au second tour", analyse Patrick Buisson.