Dimanche soir au milieu de ses invités, ministres et marcheurs de la première heure, Emmanuel Macron était à la fois satisfait et préoccupé. Comment canaliser, dompter, diriger une majorité pléthorique, composée pour l’essentielle de novices en politique, certains déjà ivres de leur victoire et qui ne mesurent pas toujours que le plus dur commence, que la fonction de député est codifiée, complexe, exigeante ? Or, l’obsession d’Emmanuel Macron c’est l’efficacité : aller vite et fort sur la première réforme du Travail et sur le premier budget de son quinquennat.
Les 100 premiers jours, un moment programmatique. Il a assisté aux cent premiers jours de François Hollande, entre attentisme et impréparation, ces cent premiers jours qui impriment leur marque indélébile sur un mandat tout entier. Emmanuel Macron ne veut pas les laisser filer, les perdre dans un procès en amateurisme. Comment transformer en un temps record une majorité de novices en pros du texte législatif ?
Le personnel parlementaire. Sur 517 candidats investis, ils sont moins de trente à avoir déjà une expérience du Parlement. Ce sera un défi de bien organiser le travail à l’Assemblée. D'où cette interpellation du manager Macron à ses proches dimanche : "Quand est-ce que vous faites le séminaire de formation de nos députés ? La semaine prochaine ?". "Euh… non monsieur le président, c’est un peu court, pas encore calé", lui a-t-on répondu.
Un séminaire de formation pour députés est indispensable parce qu’il n’y a pas juste le président de l’Assemblée nationale et le président du groupe parlementaire à trouver, il faut des présidents pour diriger les commissions thématiques : finances, affaires sociales, commission des lois, etc. Mais aussi des vice-présidents de l’Assemblée, des questeurs, un rapporteur général du budget, etc. Et qui choisir pour diriger le travail sur les lois d’habilitation quant à la réforme du Travail ?
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Cadrer une majorité hétéroclite. On ne passe pas d’artisan, d’étudiant, voire de chef d’entreprise en orfèvre du travail parlementaire. Il faudra des cadres, de la poigne. François Mitterrand, en 1981, avait été confronté à cet inconfort d’une majorité vierge de tout mandat. Il avait choisi Pierre Joxe l’autoritaire pour l’encadrer plutôt que Claude Estier, jugé trop tendre. Vous l’avez compris, le renouvellement c’est très vertueux, mais c’est aussi périlleux.