286 salariés sur le carreaux, 286 salariés qui ce matin se réveillent sans plus de perspectives ou d’espoir qu’avant cette journée de mercredi où ils ont été au cœur de la campagne, en direct sur les chaînes d’info. 286 figurants malgré eux d’une opération de communication électorale orchestrée d’abord par Marine Le Pen. Depuis janvier, les militants FN quasi quotidiennement préparent le terrain sur le site d’Amiens. Depuis deux jours, ils sont présents en continu, distribuent des tracts et jaugent les salariés : "Si Marine venait vous voir, elle serait bien reçue ?" Tout cela a été minutieusement réglé : une seule chaîne de télé, BFM, dans la confidence pour des images très contrôlées. On est dans la plus pure instrumentalisation de com’ sur le dos de salariés auprès desquels Marine Le Pen est venue s’indigner.
Marine Le Pen ne lâchera rien. Une opération qui rappelle celle de Florange dans la campagne de 2012. Mais on a aussi vu se dessiner un affrontement, un duel, qui donne le ton de l’entre-deux tours, entre deux stratégies. On a vu un bulldozer : Marine Le Pen a la rage. Elle ne lâchera rien. Elle ne tient absolument pas compte de l’arithmétique électorale. En 2007, Ségolène Royal a rendu les armes au lendemain du premier tour ; en 2012, Nicolas Sarkozy est arrivé battu au débat d’entre-deux tours. Marine Le Pen combat jusqu’au bout, elle a l’attitude de celle qui fait la course en tête. Et elle déroule des solutions radicales, voire simplistes, elle promet tout et n’importe quoi.
Macron évite les erreurs de Jospin et Hollande. En face Emmanuel Macron, cheval léger, n’abandonne pas le terrain. Il est allé à la castagne hier. À l’inverse d’un Lionel Jospin malmené par les ouvriers de LU en 2002 et qui avait battu en retraite. Et il explique qu’il n’y a pas de remèdes miracles, à l’inverse d’un François Hollande à Florange qui avait promis beaucoup.
Le bulldozer contre le cheval léger, les solutions radicales de Le Pen qui font rêver face aux réponses complexes, plus réalistes, de Macron. Le duel de Whirlpool fait sens : il installe le face-à-face qui va désormais rythmer l’entre deux-tours de cette présidentielle.