Il y a parfois des couvertures de magazine comme des contrats d'assurance : il faut avant tout lire les astérisques. Il en va de celle du prestigieux périodique américain Time, qui dédie vendredi la sienne à Emmanuel Macron, portraituré en buste sur fond noir, le regard vague et sans expression. En guise de titre, une assertion plus que flatteuse : "Le prochain leader de l'Europe"... "Si tant est qu'il puisse diriger la France", douche une note en bas à droite.
TIME's new cover: France's Emmanuel Macron won a shocking victory. Now, the real transformation begins https://t.co/dw5uSHSh17pic.twitter.com/XsoRLs48CX
— TIME (@TIME) 9 novembre 2017
"Un" des leaders de l'Europe. Alors qu'Emmanuel Macron boucle actuellement une offensive diplomatique, avec plusieurs déplacements au Moyen-Orient, le Time revient sur la crédibilité du président français sur la scène internationale. Dans ses colonnes, le chef de l'Etat revient longuement sur l'avenir de l'Europe, réfutant par exemple vouloir devenir la tête de proue du vieux continent. "Je ne veux pas être le leader de l'Europe", assure Emmanuel Macron. "Je veux être l'un de ses leaders, de cette nouvelle génération de leaders, totalement convaincus que notre avenir est européen".
Inaudible "si vous ne réunissez pas à domicile". Interrogé sur Donald Trump, Emmanuel Macron a également affirmé avoir "une très bonne relation personnelle" avec le président américain. Et ce, en dépit des désaccords de fond, notamment sur la question du climat avec le recul des Etats-Unis de l'accord climatique lors de la COP21. Partisan du multilatéralisme, qu'il oppose à la doctrine de son homologue américain, le chef de l'Etat a toutefois concédé le risque de paraître inaudible sur la scène internationale "si vous ne réunissez pas à domicile".
A ce titre, Emmanuel Macron a également commenté sa baisse dans l'opinion publique depuis son élection. "J'étais populaire au début de mon mandat parce que je n'avais rien fait", explique-t-il. Ajoutant : "Si vous agissez, et que vous perdez en popularité à cause de votre action, alors ça va." Côté communication "jupitérienne", le chef de l'Etat a aussi expliqué ne pas tweeter soi-même, "car cela n'est pas compatible avec la distance qu'il faut pour gouverner et présider". Une manière, surtout, de bien marquer sa différence avec Donald Trump, accro au réseau social pour régler ses comptes.
"Le populisme énervé pourrait revenir en force." Un optimisme largement tempéré par le dossier du Time consacré à son action. "Si ses idées s'avèrent fausses et que son style libéral échoue à apporter à la France le renouveau économique qu'il a promis, le populisme énervé qui a remué la France plus tôt cette année, et qui a mené au Brexit, pourrait revenir en force", met en garde le magazine.
Prudent, le périodique conclut néanmoins : "Si Macron prouve que sa méthode est la bonne, la France pourrait alors devenir une puissance internationale bien plus importante qu'elle ne l'a été ces dernières décennies."