Maintes fois annoncée, maintes fois repoussée, la démission d'Emmanuel Macron a finalement été officialisée, mardi, par l'Elysée. Le ministre de l'Économie quitte ses fonctions pour se "pour se consacrer entièrement à son mouvement politique" En Marche!, précise l'Elysée dans son communiqué. "Il part parce qu'il pense qu'il peut refonder une offre politique", analyse Catherine Nay, éditorialiste à Europe 1. Se présentera-t-il à l'élection présidentielle ? Pour la journaliste, il en a bien l'ambition. Mais il ne se lancera "que s'il a des chances de l'emporter".
Pas de place pour deux. Pour gagner, il faut un espace. Et celui incarné par Emmanuel Macron, sur l'aile libérale de la gauche, est déjà occupé par François Hollande. "Ses ambitions sont présidentielles, et pas ministérielles. Il veut le pouvoir pour faire, pour agir", explique Antonin André, chef du service politique d'Europe 1. Mais "si François Hollande est candidat, c'est impossible pour l'un de ses ministres d'être candidat contre lui." Le ministre de l'Économie fait donc le pari que le président n'ira pas se présenter à sa propre succession, "empêché par ses mauvais résultats et son impopularité record". "Il a toujours pensé que [François Hollande] ne pourrait pas être candidat", abonde Catherine Nay.
Sortie des radars. Le pari reste risqué. Certes, Emmanuel Macron reprend sa liberté et peut s'appuyer sur les 50.000 adhérents revendiqués par En Marche!, ainsi qu'une dizaine de parlementaires qui le soutiennent ouvertement. Mais "sortir du gouvernement, c'est aussi sortir des radars", rappelle Antonin André. "Surtout qu'il sort bien tard." L'ancien secrétaire général de l'Élysée devra également préparer une campagne présidentielle, ce qui demande énormément de moyens logistiques. "Cela ne s'improvise pas."
La comète. En outre, quand bien même François Hollande serait empêché, "Emmanuel Macron aura sur sa route Manuel Valls", souligne Antonin André. "Ils sont sur le même créneau, avec des divergences à la marge." Et l'ancien banquier "reste moins identifié que le Premier ministre, qui a un parcours politique très long". À côté, Emmanuel Macron joue le rôle de la comète avec, forcément, le risque de disparaître aussi vite qu'il est apparu sur la scène politique.