L'ex-ministre Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle, se défend dans un livre à paraître jeudi de toute "trahison" vis-à-vis de François Hollande, affirmant ne devoir "allégeance" qu'à son "seul pays".
"Le bien public doit s'effacer devant celle du service rendu". "C'est à mon pays seul que va mon allégeance, non à un parti, à une fonction ou à un homme", affirme Emmanuel Macron dans cet ouvrage, intitulé Révolution (aux éditions XO), où il présente sa "vision" pour 2017, précédée d'éléments biographiques. Pour l'ancien ministre, le procès en "trahison" qui lui est fait est "révélateur de la crise morale de la politique contemporaine", où "l'idée du bien public doit s'effacer devant celle du service rendu". Ceux qui l'ont attaqué ont "ainsi avoué que pour eux, la politique obéissait au fond à la règle du milieu : de la soumission, dans l'espoir d'une récompense personnelle", dénonce-t-il.
Il ne doit rien à François Hollande. Et Emmanuel Macron d'ironiser à l'intention de François Hollande, qui le fit secrétaire général adjoint de l'Élysée en 2012, puis ministre de l'Économie : "Je mets sur le compte de la distraction les propos tenus par le président de la République sur la dette que j'aurais eue à son égard. Je le sais trop attaché à la dignité des fonctions publiques et aux valeurs fondatrices de la vie politique républicaine pour avoir adhéré, ne fût-ce qu'un instant, à cette conception délétère des petits arrangements entre obligés".
Les attentats comme point de rupture. Emmanuel Macron revient aussi sur les raisons qui l'ont conduit à quitter le gouvernement en août dernier. "Après les attentats de l'automne 2015, la renonciation à une stratégie indispensable pour saisir les nouvelles opportunités économiques dans notre pays, l'absence de véritable volonté réformiste et d'une plus grande ambition européenne et le choix d'un débat stérile autour de la déchéance nationalité (...) me sont apparus comme des erreurs, voire parfois de véritables fautes politiques".
Macron s'assume comme libéral. Il s'efforce d'expliciter sa "volonté de dépasser l'opposition entre la gauche et la droite" que l'on a "voulu caricaturer". "Si par libéralisme, on entend confiance en l'homme, je consens à être qualifié de libéral. Ce que je défends, en retour, doit permettre à chacun de trouver dans son pays une vie conforme à ses espérances les plus profondes. Mais si, d'un autre côté, c'est être de gauche que de penser que l'argent ne donne pas tous les droits, que l'accumulation du capital n'est pas l'horizon indépassable de la vie personnelle, que les libertés du citoyen ne doivent pas être sacrifiées à un impératif de sécurité absolue et inatteignable, que les plus pauvres et les plus faibles doivent être protégés sans être discriminés, alors je consens aussi volontiers à être qualifié d'homme de gauche", développe-t-il.
Une livre pour donner sa vision de la France. Si le livre ne se veut en aucune manière un "programme" ou un catalogue de propositions, il permet à Emmanuel Macron d'approfondir sa vision sur une dizaine de sujets, certains déjà bien balisés - l'Europe, les réformes institutionnelles, le droit du travail - et d'autres sur lesquels l'ex ministre a encore peu eu l'occasion de s'exprimer : police, réforme pénale, écologie, éducation...
Railleries du côté des soutiens de Hollande. "Si on veut faire la révolution - il y en a eu une très importante en France - ça ne se fait pas comme ça, ça n'est pas décidé par un seul. Il faut des grands états généraux, c'est un long processus la révolution", a affirmé Stéphane Le Foll interrogé sur l'ouvrage lors du compte-rendu du conseil des ministres."Tout cela est fait pour accrocher l'attention. Après, de révolution j'en suis sûr dans ce livre, on en sera loin : révolution numérique, révolution démocratique, révolution territoriale... c'est la révolution partout, très bien. Après, je voudrais savoir exactement ce que c'est", a-t-il ironisé, précisant qu'il n'avait pas encore lu le livre.