Emmanuel Macron va rencontrer lundi des représentants du Conseil français du culte musulman (CFCM), a annoncé le président dans une interview diffusée dimanche, en précisant qu'il ne voulait pas "céder à la précipitation" pour s'exprimer sur la laïcité. "Je m'apprête à voir les représentants du Conseil français du culte musulman", annonce-t-il dans un extrait diffusé par RTL d'une interview enregistrée lors de son vol de retour de La Réunion vendredi. La rencontre est prévue dans la matinée, a précisé à l'AFP Abdallah Zekri, délégué général du CFCM et président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, confirmant une information de la radio.
"Ce débat sur le voile dure depuis 1989, il faut qu'on arrête"
Le thème en sera "de voir comment nos concitoyens dont la religion est l'islam peuvent vivre tranquillement leur religion en respectant absolument toutes les lois de la République", explique le chef de l'Etat, alors que le thème des rapports entre islam et laïcité est matière à débat depuis plusieurs semaines. "Nous allons d'abord lui faire part de l'inquiétude des musulmans et particulièrement des musulmanes par rapport au voile qui est devenue une affaire hystérique menée par certains hommes politiques de droite comme de gauche d'ailleurs", a déclaré Abdallah Zekri. Pour lui, "ce débat sur le voile dure depuis 1989, il faut qu'on arrête, que le président prenne une position ferme là-dessus".
Le Sénat examinera mardi une proposition de loi des Républicains (LR) visant à interdire le port de signes religieux aux parents accompagnant des sorties scolaires. Selon un sondage Ifop-JDD, trois Français sur quatre sont favorables à une telle interdiction. Dans l'extrait de l'interview à RTL (qui sera diffusée intégralement lundi dans les éditions matinales), Emmanuel Macron indique qu'il annoncera "dans les prochaines semaines" une batterie de mesures "pour lutter contre ce communautarisme" dans "l'éducation, la santé, le travail, les différents services au public".
"On ne me demande pas de parler laïcité, on veut que je parle d'islam"
"Ce qui veut dire", explique-t-il, "avoir des mesures d'interdiction ; ce qui veut dire dissoudre parfois certaines associations encore davantage ; ce qui veut dire interdire certaines pratiques qui se sont installées et qui ne sont pas conformes aux lois de la République", et en résumé "être intraitable avec les lois de la République". "Nous sommes des citoyens français, nous respectons les valeurs de la République", a souligné Abdallah Zekri.
Le chef de l'Etat avait appelé le 8 octobre, quelques jours après l'attaque ayant tué quatre fonctionnaires à la préfecture de police de Paris, à construire "une société de vigilance" face au risque du terrorisme islamiste. Interrogé par RTL sur le fait de savoir s'il s'exprimera prochainement sur la laïcité, le président rétorque que l'on "confond les sujets. On ne me demande pas de parler laïcité, on veut que je parle d'islam. Pourquoi je ne veux pas céder à la précipitation ou aux injonctions de parole dans ces moments-là ? Parce que je serais moi-même (ce faisant) complice d'une sorte de confusion collective".