C’est l’une des surprises de ce remaniement gouvernemental. Fleur Pellerin n’est plus ministre de la Culture et de la Communication. Un coup dur pour celle qui se croyait à l’abri de ce jeu de chaises musicales et qui va retourner, pour l’instant, à la Cour des comptes. Mais que cache son éviction ? Quelles erreurs paye désormais celle qui a été remplacée par Audrey Azoulay, l'ex-conseillère culture du président de la République ?
Défendue par Valls, "débranchée" par Hollande. Selon Le Figaro qui cite un autre membre du gouvernement, l’ex-ministre de la Culture aurait "fondu en larmes" en apprenant son éviction. "C’est vraiment vache", confie d'ailleurs ce ministre au quotidien. "Hollande lui avait dit récemment, au cours d’un déplacement, qu’il était très content de son travail. Elle ne s’y attendait pas du tout. Et elle avait l’air très sereine au Sénat". Et le journal de rappeler qu’à son arrivée au Sénat, Fleur Pellerin avait balayé d’un sourire les questions des journalistes : "J’en suis à mon troisième ou quatrième remaniement. Je suis très sereine maintenant".
Le site du Point présente une autre version du départ de Fleur Pellerin. Le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen l'aurait prise sous le bras, en lui glissant : "Manuel Valls t'a défendue, mais tu as été débranchée". François Hollande l'aurait alors appelé et c'est un proche qui raconte à l'hebdomadaire : "Oui, elle a le visage déconfit, de quelqu'un de secoué. Mais elle ne pleure pas ni ne manque de s'évanouir".
Des erreurs de com’. Ministre de la Communication, c'est pourtant dans ce domaine que Fleur Pellerin a pêché. Il y a eu bien sûr la fameuse affaire Modiano. Sur le plateau de Canal Plus le 26 octobre 2014, la ministre de la Culture se révéle incapable de citer le moindre ouvrage du Prix Nobel de littérature de l’année, Patrick Modiano. Et de confesser avec une désinvolture déconcertante : "Je n’ai pas du tout le temps de lire depuis deux ans. Je lis beaucoup de notes, beaucoup de textes de loi, les nouvelles, les dépêches AFP, mais je lis très peu". Cette petite phrase ne va cesser de lui revenir comme un boomerang tout au long de son passage rue de Valois.
Et puis, il y aussi les images, celles captées par Le Petit Journal un an plus tard, en septembre 2015. Fleur Pellerin ouvre son bureau aux caméras de Canal Plus (encore). Mal lui en a pis. La ministre semble découvrir son propre bureau en même temps que les journalistes. Interrogée sur un tableau qui orne le mur, elle avoue : "J’ai demandé à plusieurs reprises et en fait, je ne sais pas du tout qui l’a peint!"
Pellerin, son bureau et le tableau inconnupar LeLab_E1
Une autre séquence a marqué son passage au ministère, celle captée par la caméra d’Yves Jeuland dans son documentaire Un temps de Président. Pas de bourde de la ministre cette fois, mais un moment gênant pour elle néanmoins. Fleur Pellerin vient d’être nommée rue de Valois. Le président de la République lui conseille alors d’avoir voir Jack Lang, ancien ministre de la Culture, car "la force de Lang" était d'être "capable d’avoir des idées". Et de lui lancer cet autre conseil légèrement infantilisant : "Va au spectacle. Tous les soirs, il faut que tu te tapes ça. Et tu dis que c’est bien, que c’est beau".
Un manque de réseaux politiques ? Il y a ces erreurs de communication mais il y a peut-être aussi le manque de réseaux politiques. Manuel Valls l’aurait soutenue jusqu’au bout mais visiblement les appuis politiques manquaient à Fleur Pellerin, notamment le plus important, celui du Président en personne. Une analyse que semble confirmer le tweet de l’ancien secrétaire d’Etat aux transports Frédéric Cuvillier : "J’adresse toute mon amitié à Fleur Pellerin si sincère et engagée mais pas assez proche des proches du Président".
J'adresse toute mon amitié à @fleurpellerin si sincère et engagée mais pas assez proche des proches du Président.
— Frédéric Cuvillier (@fcuvillier) 11 Février 2016