Majorité relative, absolue, cohabitation... Quels scénarios possibles à l'issue des élections législatives anticipées ?

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Après l'annonce d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale, les Français sont appelés à choisir de nouveaux députés les 30 juin et 7 juillet prochain. Le parti présidentiel conservera-t-il sa majorité relative, ou le chef de l'État devra-t-il cohabiter avec un Premier ministre issu de l'opposition ? Europe 1 dresse les différents scénarios possibles avant les élections législatives.

Un coup de tonnerre. Dimanche soir, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale . Une décision prise à l'issue des résultats aux élections européennes , où la majorité présidentielle, menée par la tête de liste Valérie Hayer, est arrivée en seconde position (14,6% des voix), loin derrière la liste Rassemblement national de Jordan Bardella (31,4% des voix). Conséquence : de nouvelles élections législatives anticipées auront lieu les 30 juin et 7 juillet prochain. Face à un RN en pleine dynamique, le pari est risqué pour Emmanuel Macron. Alors, le parti présidentiel parviendra-t-il à obtenir une nouvelle majorité, ou va-t-on vers une cohabitation ? Europe 1 détaille les scénarios possibles à l'issue des législatives.

1er scénario : la majorité présidentielle conserve le plus grand nombre de sièges à l'Assemblée

Avant l'annonce de dissolution, le parti présidentiel avait 250 députés à l'Assemblée nationale (169 Renaissance, 50 Modem, et 31 Horizons). Un score, réalisé lors des élections législatives de juin 2022, qui ne leur a pas permis pas d'avoir les 289 sièges nécessaires pour obtenir la majorité absolue, et les a obligés ces deux dernières années à des alliances avec les autres partis, ou à passer en force, notamment avec l'utilisation de l'article 49.3.

La première possibilité est que Renaissance obtienne une nouvelle majorité, relative ou absolue. C'est évidemment l'objectif d'Emmanuel Macron qui "y va pour gagner", comme le martelait dimanche soir l'entourage du chef de l'État. Le parti espère notamment une mobilisation des abstentionnistes et un sursaut des électeurs macronistes.

Le parti présidentiel compte également sur "le champ républicain" pour ne pas voir le RN obtenir une majorité de sièges à l'Assemblée. Stéphane Séjourné , secrétaire général du parti Renaissance, a annoncé que le camp Macron "donnera l'investiture" aux députés sortants "faisant partie du champ républicain" et "qui souhaitent s'investir sur un projet clair pour le pays". Sont notamment visés les députés du Parti socialiste et des Républicains. Mais rien n'indique que ces derniers accepteront une alliance avec Emmanuel Macron : Éric Ciotti, président LR, a d'ores et déjà annoncé sur X qu'il était "hors de question d'entrer dans une coalition avec ce pouvoir qui a tant abîmé la France".

Quoi qu'il en soit, la majorité présidentielle compte évidemment sur une majorité absolue, qui permettrait à Emmanuel Macron de reprendre les rênes jusqu'en 2027. Mais il est également possible que les résultats soient sensiblement les mêmes qu'en 2022, avec une majorité relative : dans ce cas-là, rien ne changerait réellement par rapport à ce qu'il se passe actuellement à l'Assemblée.

2ᵉ scénario : le RN obtient une majorité de sièges à l'Assemblée

Toutefois, il est possible que la majorité présidentielle n'obtienne pas assez de sièges à l'Assemblée nationale. Dans ce cas-là, Emmanuel Macron serait forcé d'entrer en cohabitation. Tous les regards se tournent évidemment vers le Rassemblement national , après son score historique aux européennes ce dimanche. Si le parti de Marine Le Pen se dit "prêt" à gouverner "si les Français [leur] font confiance" et a d'ores et déjà annoncé que Jordan Bardella deviendrait Premier ministre en cas de cohabitation, obtenir une majorité à l'Assemblée n'est pas non plus gagné.

  • Que se passerait-il si le RN obtenait une majorité absolue...

Actuellement, le Rassemblement national compte 88 députés au Palais-Bourbon. Pour obtenir une majorité absolue, il faudrait que le parti remporte 201 sièges de plus à l'issue des élections législatives. Si c'est le cas, Jordan Bardella accèderait à Matignon et pourrait former son gouvernement.

  • ... et en cas de majorité relative ?

Autre possibilité : que le RN n'obtienne qu'une majorité relative à l'Assemblée. Dans ce cas-là, Jordan Bardella pourrait également devenir Premier ministre, mais il serait probablement très rapidement confronté aux limites du manque de députés de son camp. Le RN n'aurait alors pas d'autres choix que de former des alliances avec les députés d'autres partis, comme Les Républicains. Aussi, les oppositions n'hésiteraient probablement pas à déposer des motions de censure pour que le Premier ministre démissionne.

3ᵉ scénario : un parti de gauche uni obtient une majorité

Malgré les divisions au sein de la Nupes depuis deux ans, la perspective d'une gauche unie est de nouveau évoquée depuis dimanche. Dès l'annonce de nouvelles législatives, le député de la Somme, François Ruffin, a appelé l'ensemble des chefs de file des partis de gauche - en l'occurrence Olivier Faure, Fabien Roussel, Marine Tondelier et Manuel Bompard - à l'union sous la bannière "Front populaire".

Mais rien n'indique pour le moment que le Parti socialiste, le Parti communiste français, les Écologistes et la France Insoumise vont accepter une nouvelle coalition. Mais si c'était le cas, il faudrait également qu'ils parviennent à rassembler leurs électeurs : actuellement, la Nupes compte 75 députés à l'Assemblée. Il faudrait donc que 214 circonscriptions passent à gauche.

S'ils y parvenaient, les conséquences seraient probablement les mêmes que celles évoquées pour le RN : une cohabitation, avec une majorité relative ou absolue, en fonction du nombre de sièges obtenus. En revanche, impossible de savoir pour l'instant quelle personnalité politique pourrait rassembler la gauche et être envoyée à Matignon.

Macron pourrait-il (encore) dissoudre l'Assemblée ?

Si les résultats des élections législatives ne conviennent pas au président de la République, Emmanuel Macron pourrait de nouveau dissoudre l'Assemblée nationale ... mais pas tout de suite. L'article 12 de la Constitution précise en effet qu'"il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution l'année qui suit ces élections" législatives anticipées.

Le chef de l'État devra donc, quoi qu'il arrive, gouverner au moins un an avec les députés qui seront élus par les Français le 7 juillet prochain.