La Coupe du monde a-t-elle un effet sur le moral des Français ? Ce dimanche après-midi, les Bleus affronteront l'Argentine en finale de Coupe du monde, au Qatar. Si l'équipe de France venait à gagner sa troisième étoile, entre 300.000 et 600.000 personnes sont attendues sur les Champs-Élysées. Une preuve que le football rassemble ?
Jérôme Fourquet, politologue, directeur de département à l'Ifop, auteur de l'ouvrage L'Archipel français était l'invité du Grand Rendez-vous d'Europe1/CNews/Les Échos ce dimanche. Il est revenu sur les conséquences qu'une victoire des Bleus pourrait avoir sur le moral des Français. "Toute hausse de moral est bonne à prendre mais il ne faut pas s'attendre à un renversement de l'état d'esprit de nos concitoyens", a-t-il d'emblée souligné.
"Les Français ont bien en tête ce qui les attend à la rentrée"
Pour le politologue, "ce sera sans doute une dose de dopamine mais elle sera limitée dans le temps car les Français ont bien en tête ce qui les attend à la rentrée sur les hausses de factures diverses et variées, la réforme des retraites, l'incertitude sur la fourniture d'électricité...".
Selon un sondage Odexa pour le Figaro, pour 75% des sondés, une victoire des Bleus provoquerait un sentiment de fierté. "C'est la preuve que ce genre d'évènement reste fédérateur", analyse Jérôme Fourquet au micro d'Europe1/CNews/Les Échos. "Il n'y a quasiment pas d'évènement capable de faire descendre dans la rue des millions de Français avec des drapeaux tricolores. Toute la question est de savoir s'il s'agit de quelque chose de fugace ou si ça change l'état d'esprit d'un pays tout entier", ajoute-t-il.
Une forme de patriotisme et de cohésion nationale qui, pour l'auteur de L'Archipel français, "font partie des moments attendus mais pour l'instant, il n'y a que le football qui est en capacité de nous le faire vivre, même si c'est de manière assez momentanée". D'autant plus que les Français sont assez pessimistes, comme le rappelle Jérôme Fourquet.
Cohésion nationale sans effet sur la popularité des personnalités politiques
Pour lui, cela est lié au fait que "nous sommes en train de devenir une puissance moyenne alors que nous avons grandi dans l'idée que nous étions encore en première division, si on veut garder la métaphore footballistique. Ce hiatus est réduit dans une parenthèse de coupe du monde de football, notamment si la France arrive encore à jouer les premières places", analyse le politologue.
Pour autant, ce sentiment de fierté n'a plus vraiment de conséquences sur l'opinion que les Français se font de la classe politique, ni d'Emmanuel Macron. Alors qu'en 1998, la victoire des Bleus en Coupe du Monde avait permis à Jacques Chirac de gagner 18 points dans les sondages, aujourd'hui "c'est tout un pays qui est célébré et chacun fait la part des choses. Ça peut être l'idée que le pays compte encore."
En 1998, au contraire, "la victoire des Bleus venait synthétiser un état d'esprit qui était plutôt à la gagne. Vingt ans plus tard, les choses étaient un peu différentes et nous verrons ce qu'il en sera [après cette finale]. En tout cas, il n'y a pas de bond spectaculaire à attendre au long cours sur la popularité du président de la République, qui lui-même a dit qu'il ne fallait pas politiser le sport", a conclu Jérôme Fourquet.