Loin du tumulte qui la saisit souvent en pleine session parlementaire, l’Assemblée nationale semblait bien vide mardi matin. Et puis Sylvain Maillard est arrivé. Ce jeune chef d’entreprise, âgé de 43 ans, est le seul des quatre candidats élus dès le premier tour des législatives, dimanche, à ne pas être député sortant. Et pour ses premiers pas au Palais Bourbon, ce membre du bureau national de l’UDI, élu sous l’étiquette La République en marche ! (REM), n’avait pas choisi la discrétion. C’est donc accompagné de force caméras et micros qu’il a pris pour la première fois un chemin que plusieurs centaines d’autres vont prendre la semaine prochaine.
Car c’est à une tradition républicaine qu’a sacrifié Sylvain Maillard mardi. Chaque député élu, qu’il le soit pour la première fois ou non, a droit à un accueil en bonne et due forme au Palais Bourbon. Des premiers pas sous les ors de la République que le tout nouveau député de la première circonscription, "fier" d’être "le premier", a eu la possibilité de faire seul - si l’on excepte bien sûr les très nombreux journalistes qui avaient été prévenus en amont. "C’est quelque chose d’assez émouvant. J’ai la chance d’arriver le premier donc (les huissiers) ont plus le temps de s’occuper de moi. Je crois que ça sera un peu plus la course la semaine prochaine", lâche-t-il.
Dans ce lieu chargé d’histoire, on peut croiser quelques fantômes de la politique, au propre comme au figuré. Henri Guaino, ex-député des Yvelines et désormais tout frais retraité de la politique, et Jean-François Copé, qui a préféré sa mairie de Meaux au à son mandat de député de Seine-et-Marne, ont ainsi fait de fugaces apparitions mardi. "Sûrement pour faire leurs derniers cartons", glisse, sardonique, l’un des employés de l’Assemblée nationale.
" C'est plus petit qu'à la télé, mais c'est très beau "
Mais le présent, et l’avenir, à l’Assemblée nationale, ce sont Sylvain Maillard et ses futurs camarades, les centaines de députés En Marche ! qui s’apprêtent à remporter leurs circonscriptions, dimanche lors du second tour. Comme le député de Paris - mais sans la nuée médiatique pour la plupart -, ils entreront, à partir de la semaine prochaine, dans les lieux par le 128, rue de l’Université, remonteront l’Allée de la présidence, traverseront la cour de Lassay pour pénétrer la salle des Quatre-Colonnes. Ce lieu de rencontre entre journalistes et élus est - hormis l’Hémicycle en lui-même -, peut-être la pièce la plus célèbre du Palais. "C’est plus petit qu’à la télé, mais c’est très beau", commente tout sourire Sylvain Maillard, qui qualifie l’Assemblée nationale de "très bel outil de travail".
Puis Sylvain Maillard est allé chercher la fameuse mallette des députés, offertes aux 577 élus aux législatives. Cette épaisse serviette de cuir comprend des documents administratifs, le règlement intérieur de l’Assemblée nationale - "très lourd", assure le député -, mais aussi la cocarde pour son véhicule et l’écharpe parlementaire tricolore. Réfutant - un peu contre tout bon sens - toute opération de communication, Sylvain Maillard refuse cependant d’ouvrir sa mallette. Il faut attendre l’arrivée, beaucoup plus discrète celle-là, de Paul Molac, réélu dans le Morbihan (avec l’étiquette REM), pour jeter un coup d’œil aux effets offerts aux députés.
Preuve que la République prend bien soin des représentants de la Nation, le chemin est fléché jusqu’à la prochaine étape, les démarches administratives. A savoir le remplissage de formulaire d’enregistrement d’abord, la pose devant des photographes officiels ensuite, pour le site de l’Assemblée nationale. Pour Sylvain Maillard, un simple bureau et un seul studio ont suffi, mais quand ils seront plusieurs centaines, les locaux de la commission des Affaires sociales et de la commission des Finances seront réquisitionnés. Et plusieurs studios photo seront mobilisés pour remplir le trombinoscope du Palais Bourbon.
Ces formalités accomplies, Sylvain Maillard a enfin pu se consacrer pleinement aux journalistes présents. Très à l’aise face à la multitude, il enchaîne les interviews, et martèle le message macronien, selon lequel il y a obligation de réussir et qu’une majorité pléthorique n’est pas un inconvénient, bien au contraire. "On a fait le tour des différents salons, et j’ai eu la chance de rentre dans l’Hémicycle", raconte-t-il. Surtout, il répète à l’envi qu’il a "hâte de se mettre au travail". En attendant, il va donner un coup de main aux candidats qui, contrairement à lui, ont un second tour à disputer. Ça tombe bien, Sylvain Maillard pourra faire profiter ses camarades d’une toute nouvelle notoriété.