Manuel Valls candidat : "une annonce très, très programmée"

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Manuel Valls, en spécialiste de la communication, avait tout prévu pour l'annonce de sa candidature à la présidentielle. © Bertrand GUAY / AFP
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Pour Arnaud Mercier, spécialiste de communication politique, Manuel Valls a prouvé qu’il était un excellent communicant lors de son annonce de candidature à la présidentielle, lundi soir. 
INTERVIEW

C’est un passage obligé de la marche vers le pouvoir. Manuel Valls a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle lundi à Evry. Pour cet exercice de style traditionnellement scruté avec soin, le futur ex-Premier ministre, qui démissionnera de son poste mardi, avait choisi son fief d’Evry, et la salle des mariages de la mairie. Discourant devant un parterre représentant la France multiculturelle, il a prôné le rassemblement de la gauche et dévoilé son slogan, "faire gagner tout ce qui nous rassemble". Pour Arnaud Mercier, professeur à l’université de Panthéon-Assas, spécialiste en communication politique, l’exercice, sans surprises et sans erreurs, a été "globalement réussi".

Manuel Valls a annoncé sa candidature à la présidence de la République dès le début de son discours, au bout d’une minute à peine. C’est une bonne méthode ?
 On s’attendait à ce qu’il le soit, alors autant le dire tout de suite. En termes de communication, ce n’est pas plus mal, car quand on attend quelque chose dans un discours, on n’est pas forcément attentif à ce qui est dit avant. L’un des faits les plus notables, c’est qu’il a dit qu’il était justement candidat à la présidence de la République. Et le terme de ‘primaire’, il l’a lâché dix minutes plus tard, au détour d’une phrase. C’est très signifiant. Ça veut dire qu’il passe par la primaire parce qu’il n’a pas trop le choix, mais qu’il se voit déjà en candidat à la présidentielle.

Manuel Valls a aussi beaucoup parlé de rassemblement de la gauche, ce qui n’est pas une surprise…
 Oui, toute la gamme de la gauche y est passée : l’Etat, les petites gens, le social, les mal-lotis, les fonctionnaires, l’égalité. Quand il a admis avoir eu des mots durs, il a même fait une sorte de mea culpa, ou plutôt il s’est absout lui-même en disant que c’était dans le cadre d’un débat au cœur de la gauche. Il se rend sans doute compte qu’il est parfois allé un peu trop loin, et qu’il va falloir recoller les morceaux.

Et puis clairement, derrière lui, c’était la France multiculturelle, il y avait des personnes noires, un asiatique, des personnes d’origine maghrébines, des jeunes, des vieux, et ça collait parfaitement avec ce qu’il a dit. La France multiculturelle, c’est pour lui un marqueur identitaire de la gauche contre l’extrême droite bien sûr, mais aussi contre la droite.

" Manuel Valls est un grand communicant "

Manuel Valls a parfois pu paraître crispé pendant son discours. Pour vous, l’exercice est-il tout de même réussi ?
 Pour les déclarations de candidature, il n’y a pas de bonne méthode. Il faut juste qu’il y ait une adéquation entre le personnage déjà forgé et le discours qui est prononcé. Là, il n’était pas en rupture, pas en porte-à-faux avec ce qu’il avait déjà montré. Ensuite, il a beaucoup joué la carte personnelle, en arrivant avec sa femme, en lui prenant la main à la fin de son discours. Il a joué sur l’émotion, en parlant de son mariage, de sa famille. Après, il est souvent crispé de toute façon, il ne l’était pas plus que d’habitude. Il solennise beaucoup son discours, il voulait se donner de la gravité, pour incarner une figure régalienne, d’homme d’Etat. Ce qu’il fait régulièrement d’ailleurs.

On voit que  tout cela était très, très programmé, parce que Manuel Valls est un grand communicant. Il y avait un slogan, qu’il a répété plusieurs fois, pendant son discours et à la toute fin. Pendant qu’il parlait, il y avait déjà des tweets de son équipe, avec tout le matériel de la campagne, diffusé sur les réseaux. Il a conseillé Lionel Jospin, François Hollande pendant sa campagne, il est presque le meilleur conseiller en communication pour lui-même. On ne s’attendait pas à ce qu’il rate. Globalement, il a réussi l’exercice. Il n’y a pas eu de surprise folle, mais pas d’erreurs de commises non plus. Après, il ne faut pas rêver, son problème de rassemblement de la gauche reste entier.