Manuel Valls estime que droite et gauche peuvent "parfaitement nouer des pactes", "sans nier" leurs différences, et "sur des grands sujets, on peut parfaitement se rassembler", dans une interview à Libération à paraître mercredi, où le Premier ministre réaffirme avoir "toujours été de gauche". "A partir du moment où le paysage politique français est marqué par trois forces, une gauche morcelée dont une partie qui ne veut pas des responsabilités, une droite divisée et une extrême droite enracinée, on voit bien que la question qui se pose est de savoir comment gouverner et trouver une majorité", analyse Manuel Valls.
"Je suis en phase avec Emmanuel Macron". Certes, une coalition gauche-droite à l'allemande, "n'est pas la tradition française", concède-t-il, avant d'ajouter : "Sans nier les différences entre la gauche et la droite, il est évident que l'on peut parfaitement nouer des pactes." "Et de ce point de vue là, je suis en phase avec Emmanuel Macron (qui a lancé son mouvement En marche!, qui se veut ni de droite ni de gauche). Chacun devra se dépasser", poursuit le Premier ministre. "Je continue à penser que le dépassement des clivages partisans s'impose", insiste Manuel Valls, pour lequel "la gauche est forte quand elle s'adresse à tous. C'est pour cela qu'elle doit se transcender. Et c'est ce que nous avons fait, notamment en matière de lutte contre le terrorisme".
"Eriger des ponts avec d'autres formations politiques". Pour le Premier ministre, "la future élection présidentielle ne pourra pas être une répétition des précédentes avec l'affrontement classique entre la droite et la gauche. Je ne vois pas non plus les gagnants gouverner seuls, et les perdants reprendre leur cycle de congrès ou d'assises". "C'est pour cela, enchaîne-t-il, que je veux que la gauche soit plus grande, plus forte pour pouvoir ériger des ponts avec d'autres formations politiques".
Manuel Valls réfute également l'idée que le Front national prospère sur la "disparition du clivage gauche-droite". "Je crois surtout que le FN se nourrit de l'impuissance de la vieille politique. Une impuissance qui repose sur l'incapacité à dégager des consensus sur les sujets essentiels, les petits débats de personnes et le sectarisme", a-t-il encore affirmé.