Treize ministres, 150 parlementaires dont le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone... Manuel Valls engrange les soutiens pour la primaire de la gauche et fait logiquement figure de favori. Pourtant, l'ancien Premier ministre refuse d'endosser ce rôle, répétant à l'envi qu'il n'est que challenger.
Des débuts difficiles. Manuel Valls s'était certes préparé à faire la course en tête. Mais il redoute désormais de tomber dans le piège de la position de favori qui s'est refermé sur Alain Juppé, candidat malheureux à la primaire de la droite. Le voilà donc crispé, tendu. Son début de campagne connaît quelques accrocs. L'ancien Premier ministre s'est ainsi agacé lorsqu'une militante l'a apostrophé parce qu'elle le jugeait incapable de rassembler après avoir fracturé la gauche. Il s'est aussi énervé contre des journalistes à la sortie d'une réunion, leur lançant : "c'est vous qui représentez un système dont les Français ne veulent plus."
Se tromper de cible. La comparaison avec Alain Juppé est juste mais pourrait être poussée encore plus loin. Le maire de Bordeaux avait fait campagne au centre et à gauche dans la primaire de la droite. Sa principale erreur avait donc été de se tromper de cible. De son côté, Manuel Valls a fait de l'autorité l'axe principal de sa campagne. L'ancien Premier ministre joue sur le besoin de protection des Français dans un monde dangereux, marqué par la puissance du géant chinois, la menace Poutine et une Europe en péril. Il mise sur les réflexes défensifs, sur la peur pour l'emporter car il est convaincu que les Français, traumatisés par les attentats, demandent à être rassurés. C'est sans doute vrai pour le peuple de droite, mais est-ce là l'aspiration de la gauche ?
La gauche ne vend plus de rêve. En 2011, pour la campagne de la primaire, François Hollande avait choisi le slogan "réenchanter le rêve français". Il y a toujours, à gauche, cette idée que les campagnes électorales doivent susciter de l'espoir, une part de rêve avant, parfois, des lendemains qui déchantent. Or, la part de rêve dans la campagne de Manuel Valls est aujourd'hui quasi inexistante.