Marine Le Pen refuse de se rendre chez les juges concernant l'enquête sur le financement du FN.
Marine Le Pen a refusé de se rendre à une convocation des juges d'instruction dans l'enquête sur le financement du Front national en début de semaine, après avoir déposé une requête en suspicion légitime contre les magistrats, a appris l'AFP mercredi de sources concordantes.
Témoin assisté. Selon une source proche du dossier, les juges Renaud van Ruymbeke et Aude Buresi avaient convoqué la présidente du FN pour l'entendre mardi comme témoin assisté, statut intermédiaire entre celui de témoin simple et de mis en examen. Dans un message écrit, Marine Le Pen a confirmé à l'AFP ne pas s'être rendue à cette convocation, faisant valoir qu'une requête en suspicion légitime contre les magistrats avait été déposée quelques jours plus tôt par le FN dans ce dossier. Une telle procédure vise à demander à la chambre criminelle de la Cour de cassation de dessaisir la juridiction en charge de l'affaire et de la renvoyer à une autre juridiction. La présidente du FN estime que les garanties d'impartialité ne sont pas réunies en l'état. Elle n'a fait aucun autre commentaire.
Elle dénonce un complot politique. Une requête en suspicion légitime ne suspend pas le cours de l'enquête. Selon une source proche du dossier, la convocation de Marine Le Pen, qui a l'ambition de remporter la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie en décembre, a été reportée. Le Front national, qui dénonce un complot politique, a été mis en examen le 9 septembre pour recel d'abus de biens sociaux et complicité d'escroquerie dans cette enquête qui porte notamment sur le financement des législatives de 2012. Les magistrats ont mis en examen sept autres personnes, dont le trésorier du parti d'extrême droite Wallerand de Saint-Just et l'un de ses vice-présidents Jean-François Jalkh.
Système d'enrichissement frauduleux. Les juges soupçonnent le FN, le microparti Jeanne géré par des proches de Marine Le Pen et l'imprimeur du parti, Riwal, d'avoir mis en place un système d'enrichissement frauduleux avec de l'argent public. Selon le scenario des enquêteurs, Riwal, dirigé par Frédéric Chatillon, un proche de Marine Le Pen, aurait notamment surfacturé les prix de kits de campagne (tracts, affiches) vendus aux candidats, dont les dépenses ont été ensuite remboursées par l'État comme le prévoit la loi pour les partis qui obtiennent plus de 5% des suffrages exprimés. Cette thèse est fermement réfutée par le FN, qui a déjà utilisé d'autres voies de recours, avec notamment une requête en nullité de sa mise en examen. De son côté, Wallerand de Saint-Just a assigné l'État en justice pour faute.