La demi-victoire du Rassemblement national devant la cour d'appel de Paris peut-elle suffire à cacher le malaise qui règne au sein du parti ? Mercredi, la justice a réduit de moitié la saisie de deux millions d'euros d'aides publiques dans l'affaire des emplois présumés fictifs au Parlement européen. Mais avec quinze cadres du parti mis en examen, et des finances au plus bas, Marine Le Pen se trouve en bien fâcheuse posture.
Marine Le Pen, peu studieuse et appliquée. En interne, les doutes sur la personnalité de la cheffe de file sont très forts. Certains vont même jusqu'à remettre en cause sa capacité de travail. La rentrée tardive, mi-septembre, de Marine Le Pen a fait grincer quelques dents. Devant les journalistes, l'intéressée s'était vaguement justifiée : "J'étais comme vous, en vacances." Hors micro, plusieurs militants, élus et cadres du parti la présentent comme "irrégulière", travaillant "par cycles". "Elle ne fait pas le service après-vente", déplore un cadre. Un élu de premier plan dit n'échanger que de rares SMS avec elle. "Elle est absente. Elle n'écoute que son clan et sa bande de copains", glisse-t-il.
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Une vraie capacité de rebond. Pour autant, cela ne signifie pas que le glas a sonné pour Marine Le Pen. La présidente de RN porte sur ses épaules la campagne européenne, où le parti est au coude à coude avec En Marche dans les sondages. "Ça reste une bête de combat, elle a retrouvé la niaque", se félicite un parlementaire. Comme si les affaires, les mises en examen, glissaient sur elle. "Marine Le Pen, c'est un 'culbuto', elle ne chute jamais", résume un sondeur.
Qui pour lui succéder ? Surtout, Marine Le Pen reste incontournable au sein du Rassemblement national. "Personne n'a le charisme pour la remplacer, encore moins pour la défier", avance un observateur. Un avis partagé par Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, interrogé par Europe 1. "Marine Le Pen a beau être contestée en interne, c'est elle qui restera à la tête du parti jusqu'en 2022. Quelle est la figure qui, aujourd'hui, en regardant les sondages d'opinion, peut incarner le Rassemblement national… ? Si ça n'est pas Marine Le Pen, c'est sa nièce." Le nom de Marion Maréchal-Le Pen se murmure toujours au sein du parti comme chez les militants. Pourtant retirée de la politique, elle incarne leur espoir, et le seul recours en cas de nouvel échec de sa tante.
Marine Le Pen jouera sa survie aux européennes. Il reste huit mois à la fille de Jean-Marie Le Pen pour atteindre un double objectif : rester le premier parti de France aux européennes, comme c'était le cas en 2014, et peut-être se maintenir à la tête de son parti. "En 2019, ou Marine rebondit, ou il y aura du mouvement", prévient un cadre RN.