Deux visages pour une même campagne. Pour accéder à l'Élysée, Marine Le Pen montre d'abord de l’extrême-droite décomplexée en meeting. Elle ressort volontiers les thèmes anti-islam, avec la priorité nationale, en s'en prenant aux juges, aux journalistes et maintenant aux fonctionnaires. Le lendemain, elle prône en revanche la France apaisée, comme au Mont Saint-Michel lundi et au Salon de l'agriculture, mardi.
Des confidences sur canapé aux coups de boutoir contre le système. Elle est à la fois capable de distiller des confidences complices dans Paris-Match ou sur le canapé de Karine Le Marchand, et se livrer à de violentes attaques envers le système, qu'elle voue littéralement aux gémonies, du nom de cet escalier à Rome sous l’empire où l’on exposait les corps des suppliciés avant de les jeter dans le Tibre. À entendre Marine Le Pen en meeting, c’est le sort qu’elle rêverait de faire subir aux cohortes de ses ennemis. Sa stratégie consiste à manier les deux positionnements en permanence.
Convaincue que Fillon ne reviendra pas. Ces derniers jours, pourtant, Marine Le Pen a durci le ton. Mais l'électorat populaire, ouvrier, qui votait socialiste, ne devrait pas déserter : ils sont totalement convertis, conquis et décidés à voter pour elle. Cela permet à Marine Le Pen de lâcher les chevaux, d’y aller franchement sur le thèmes de l’extrême-droite parce que son socle est solidifié. De surcroît, elle met la barre à droite toute parce qu’elle est convaincue que François Fillon ne reviendra pas et qu’elle affrontera Emmanuel Macron. Cela se voit dans un discours sécuritaire, hostile à l'Islam, ou dans la politique familiale. La dynamique Le Pen repose sur le fait qu’elle est la seule candidate capable d’agréger des discours qui s’adressent à tous les électorats, sans se préoccuper de leur coloration politique. Un atout de taille en vue de l'élection présidentielle.