Marine Le Pen a étrillé beaucoup de monde, dimanche, lors de son meeting à Nantes. Ses rivaux à la présidentielle, bien sûr, François Fillon et Emmanuel Macron en tête, l’Union européenne, évidemment, l’immigration, comme toujours, le système dans son ensemble…
Mais dans la cité de Loire-Atlantique, la présidente du FN était aussi venue faire une déclaration d’amour à l’Etat, telle qu’elle le rêve. "Je veux que vous puissiez avoir confiance dans notre pays et dans l’entité qui l’organise : l’Etat", a-t-elle lancé devant 3.500 supporters acquis à sa cause. "La France s’est construite autour de l’Etat, celui dont le nom même évoque la permanence, celui qui a fait corps avec la Nation, qui est pour elle ce qu’est au corps la colonne vertébrale."
"Les agents, si dévoués, les écouter, les soutenir". Marine Le Pen n’a pas oublié qu’elle est en constante progression en termes d’intentions de vote chez les fonctionnaires. Dans une enquête du Cevipof publiée début janvier, elle arrivait ainsi en tête dans cette catégorie, avec 20,7%. "Celui ou celle qui sera chef de l’Etat devra veiller au bon fonctionnement des institutions et des administrations. C’est aussi se préoccuper du sort des agents, si dévoués, les écouter, les soutenir", a notamment glissé la présidente du FN. Même esprit en évoquant l’affaire Théo. "J’ai été la seule à ne pas céder à cette dérive qui bafoue la présomption d’innocence à laquelle tout homme, et a fortiori tout fonctionnaire, a droit", a-t-elle lancé.
"Un strict et salutaire devoir de réserve". Cela dit, la candidate à la présidentielle a prévenu qu’elle voulait du changement parmi les agents de la fonction publique. "Je veux un Etat impartial. La neutralité politique sera garantie à tous les agents et aura pour contrepartie l’existence d’un strict et salutaire devoir de réserve dans l’exercice de leurs fonctions", a lancé Marine Le Pen. "Chaque fonctionnaire, et notamment la haute fonction publique, devra avoir à cœur l’intérêt national, l’attachement à la France et à ses valeurs", a-t-elle poursuivi.
"Critères de sélection". Mais elle a aussi poussé plus loin sa logique, visant cette fois les hauts fonctionnaires, l’élite de la fonction publique. "La connaissance de notre histoire nationale et de la culture française seront des critères important de sélections dans le recrutement dans les écoles d’administration", a-t-elle annoncé, ciblant ensuite Emmanuel Macron. "Ceci nous évitera d’avoir d’anciens hauts fonctionnaires pantouflards nous expliquer que la culture française, ça n’existe pas".
"L'Etat de droit est le contraire du gouvernement des juges". Si Marine Le Pen a, dans l’ensemble, choyé les fonctionnaires, elle n’a pas réservé le même sort aux magistrats, distincts des fonctionnaires mais bel et bien agents publics. La multiplication des affaires autour du FN n’est sans doute pas pour rien dans cette charge en règle. "L'Etat de droit est le contraire du gouvernement des juges", a-t-elle affirmé, mettant en garde contre "une dérive antidémocratique, oligarchique (...). La justice est une autorité, pas un pouvoir". Celle qui veut une pause judiciaire pendant la campagne, et qui refuse de se rendre aux convocations des policiers, a poursuivi : "Si un magistrat souhaite changer la loi parce qu'elle ne lui convient pas, c'est simple, il se met en congé et se présente aux élections".
Des incidents en marge du meeting
Plusieurs autocars transportant des militants du Front national ont été pris pour cible dimanche par des manifestants hostiles à la venue de Marine Le Pen à Nantes, peu de temps avant le début de son meeting. Une cinquantaine de militants anti-FN s'en sont pris à des bus transportant des élus et militants du parti d'extrême droite sur la route nationale N137 reliant Rennes à Nantes. Ils répondaient à un appel à organiser une opération escargot pour "nasser le Zénith", où se tient le meeting de Marine Le Pen.
L'un des autocars a été recouvert de peinture, avant d'être escorté jusqu'au Zénith par des camionnettes de gendarmerie. La circulation a été momentanément bloquée sur la N137 reliant Rennes à Nantes dans les deux sens. Des pompiers sont également intervenus pour maîtriser un départ de feu. Dans un communiqué, le directeur de campagne de Marine Le Pen, David Rachline, a critiqué un "ministre de l'Intérieur aux abonnés absents" face à ces violences, dénonçant des "casseurs qui bénéficient d'une impunité totale".