La purge aura-t-elle lieu ? Dimanche, à Nantes, Marine Le Pen a déclaré que si elle était élue, "les fonctionnaires devraient assumer le poids de leurs méthodes", en référence à l'ingérence, selon elle, de l'administration dans le déclenchement des affaires qui la visent. Pour la présidente du Front national, "un personnel politique aux abois demande [aux fonctionnaires] d'utiliser les pouvoirs d'État" pour mener une "cabale" contre elle. Et la candidate à l'élection présidentielle de laisser entendre qu'elle pourrait faire le ménage au sein de l'administration.
Nomination au Journal officiel. Si elle accédait à l'Élysée, en mai, Marine Le Pen pourrait en tout cas remplacer des dizaines de hauts fonctionnaires à la tête des "directions de l'administration centrale". Ce sont des postes clés au plus près des différents ministres, qui mettent en oeuvre la politique du gouvernement. "C'est un non-dit, mais tout monde sait qu'un changement de couleur politique implique davantage de mouvements au sein de l'administration. Les très hauts fonctionnaires sont d'ailleurs nommés au conseil des ministres, avec publication au Journal officiel. Une certaine transparence règne", explique Christian Grolier, secrétaire général du syndicat FO pour les fonctionnaires.
Une tradition française. La pratique n'est pas nouvelle : après son élection en 1981, François Mitterrand a par exemple remplacé plus de la moitié des directeurs d'administration centrale en un an et demi. Plus récemment, Nicolas Sarkozy comme François Hollande n'ont pas échappé à la tradition. Le président actuel l'a notamment pratiqué dans la police : il a remplacé le sarkozyste Michel Gaudin par Bernard Boucault au poste ultra-sensible de préfet de police de Paris, en 2012.
Renvoyer un agent nécessite de prouver une faute grave. En revanche, il s'agit bien de remplacements, et non de licenciements. Les hauts fonctionnaires sont mutés vers un autre poste dans la fonction publique. Pour réellement sanctionner ou "renvoyer" un agent, il faudrait prouver qu'il a commis une faute grave, devant une commission de discipline. Plusieurs représentants syndicaux se disent malgré tout "inquiets" de cette charge de Marine Le Pen. "Ça en dit long sur ce qu'elle pense de nous", confie l'un d'entre eux.