Impensable il y a dix ans : Marine Le Pen a été applaudie, lundi, au cours d'un forum de la CPME, la confédération des petites et moyennes entreprises. Tous n'ont pas salué la venue de la présidente du Front national, qui leur présentait son programme, mais les efforts du parti pour séduire les milieux économiques payent, en partie. "Elle prône la préférence pour les PME dans les marchés publics, ce qui est une bonne chose. Les Italiens achètent italien, les Allemands achètent allemand, mais les Français achètent au moins cher. Il ne faut pas s'étonner qu'il n'y ait plus d'usines dans notre pays", estime Pierre Kuchly, patron d'une PME dans le Val-d'Oise.
Patriotisme économique. Outre les baisses des charge et la refonte du RSI (régime social des indépendants), c'est le patriotisme économique qui attire les chefs d'entreprise. "Je travaille directement avec des producteurs et je vois que les travailleurs détachés viennent travailler en France. On ne peut pas payer les travailleurs français car on est pris à la gorge par beaucoup de charges sociales", souffle Pascal, gérant d'une enseigne de fruits et légumes, qui pourrait voter Marine Le Pen à l'élection présidentielle.
L'épouvantail de la sortie de l'euro. L'engouement est pourtant loin d'être partagé par la grande majorité des patrons. La faute, notamment, à la proposition du FN de sortir de l'euro. "C'est une ligne rouge, ce n'est pas possible. Les intérêts de la dette vont être considérables, on devra les payer avec un franc dont on ne connait pas la valeur… Sur qui cela va-t-il retomber ? Les citoyens et les entreprises", expose Isabelle, chef d'entreprise. Pour les grandes entreprises, l'argument est encore plus décisif. Marine Le Pen devrait néanmoins être invitée à présenter son programme devant le Medef, fin mars. Ce serait une première pour un candidat FN.