Marion Maréchal-Le Pen veut s'adresser aux catholiques, et elle l'assume. Son invitation à une université catholique organisée au sanctuaire de la Sainte-Baume, dans le Var, a fait couler beaucoup d'encre cette semaine. Dans une interview au magazine Famille chrétienne, jeudi, la députée frontiste du Vaucluse balaie la polémique d'un revers de la main. "Les seules personnes choquées par cette affaire sont les journalistes !", estime-t-elle. "C’est une illustration de la fracture entre le monde médiatique et le monde réel. Pour le public catholique du Var la question ne se pose plus !"
"Il y a toujours eu des catholiques au FN". Sur la question de la compatibilité entre catholicisme et vote frontiste, Marion Maréchal-Le Pen ne voit, là non plus, aucune contradiction. "Il y a toujours eu des catholiques au FN et des personnalités de premier plan", assure-t-elle. Mais la petite-fille de Jean-Marie Le Pen affirme aussi qu'elle se démarque de son parti sur certains points : "je ne suis pas d’accord à 100% avec la ligne du FN. Je pense à une question comme la peine de mort par exemple". En revanche, "je crois que sur la bioéthique et les questions du mariage et de la filiation, le FN est déjà en cohérence" avec les catholiques, estime-t-elle.
Elle dénonce la "christianophobie". "C’est pour moi important de rencontrer des catholiques qui défendent des valeurs auxquelles je tiens", explique également Marion Maréchal-Le Pen, catholique revendiquée, qui dénonce par ailleurs une "christianophobie" qui serait "en train de revenir" en France.
L'Eglise reste prudente. Mgr Jean-Michel Di Falco, évêque de Gap, avait jugé mercredi sur Europe 1 que "ce n'est pas en ignorant et en refusant d'entrer en dialogue que l'on peut faire progresser la pensée et les idées". "Cette initiative ne me choque pas même si je tiens à préciser que je ne partage pas l’ensemble des idées de ce parti", avait-il ajouté.
Le porte-parole de la Conférence des évêques de France, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, se montre quant à lui plus ferme. "La position de l’Église en France sur le Front national n’a pas varié", estime-t-il dans les colonnes de La Croix. "Nous continuons de dire que le rejet de l’étranger, le refus de l’accueil de l’autre, une conception et une vision de la société renfermées sur la peur, posent problème. Un certain nombre de points développés par le Front national ne sont pas conformes à la vision que l’Évangile nous invite à défendre". Pour le prélat, "si le FN dit qu’il a évolué, c’est à lui de le prouver".