Philippe Martinez, numéro un de la CGT, juge "irrecevables" les ordonnances envisagées pour réformer le code du travail, en ajoutant que "l'assouplir ne permet pas de lutter contre le chômage'', dans un entretien au Journal du Dimanche.
"Nous voulons être écoutés". Estimant que "réformer le code du travail n'est pas une priorité", le secrétaire général de la CGT invite le gouvernement à "prendre le temps de discuter". "À moins que la loi ne soit déjà écrite…, dit-il, en rappelant qu'"avec le gouvernement Valls, on a découvert le projet de loi Travail dans un quotidien". "Nous voulons être écoutés et qu'on prenne le temps de la discussion en tirant les enseignements du passé. Quand on veut dialoguer et qu'on est attaché au bien-être des salariés, on ne discute pas pendant les vacances. L'expérience de la loi Travail devrait attirer l'attention de ceux qui nous gouvernent aujourd'hui", observe-t-il.
"L'homme neuf a de vieilles recettes". Philippe Martinez met en garde l'exécutif. "Ces ordonnances sont complètement irrecevables ! L'homme neuf a de vieilles recettes. Considérer que le travail à un coût, faciliter le licenciement pour créer de l'emploi, c'est vieux comme Juppé !", dit-il. Durant la campagne, Emmanuel Macron a promis de donner plus de place à l'accord d'entreprise, d'instaurer le référendum à l'initiative de l'employeur ou encore de plafonner les indemnités prud'homales en cas de licenciement sans cause réelle ou sérieuse (hors discrimination et harcèlement), ce que contestent tous les syndicats.
Sceptique sur la nouvelle ministre du Travail. Interrogé sur les premiers pas du gouvernement, Philippe Martinez estime que le Premier ministre Edouard Philippe a été "honnête en disant qu'il était de droite". Revenant sur l'échange téléphonique qu'il a eu jeudi avec le chef du gouvernement, il a salué "une attitude correcte". "Qu'un Premier ministre contacte les organisations syndicales la première semaine de sa prise de fonction est plutôt une bonne chose". Il se montre plus réservé que ses homologues de FO et de la CFDT sur la nomination de Muriel Pénicaud au ministère du Travail. "Certes, elle a démarré au cabinet de Martine Aubry dans le gouvernement Jospin" mais "chez Danone, elle a mis en oeuvre un plan de 900 suppressions d'emploi dont 200 en France et remis en cause de nombreux droits pour les salariés de ce groupe", relève-t-il. "Depuis plusieurs années, elle fréquente plus les conseils d'administration que les ateliers ou les bureaux", dit-il.