McKinsey "paiera tout ce qu'ils doivent comme impôt au Trésor public français", a réaffirmé jeudi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, au lendemain de l'ouverture d'une enquête par le parquet national financier sur les pratiques fiscales du cabinet de conseil américain.
L'administration fiscale "fait son travail"
Le ministre n'a pas souhaité commenter directement l'ouverture de cette enquête, estimant seulement sur Franceinfo que "c'est le rôle de la justice de se saisir des affaires dont elle estime qu'elle doit se saisir". Il a aussi rappelé que l'administration avait "engagé une vérification fiscale sur le cabinet McKinsey en novembre dernier". "Qu'on ne laisse pas dire que l'administration fiscale ne fait pas son travail", a enchaîné M. Le Maire.
Interrogé jeudi sur l'état d'avancement de cette "vérification", en marge d'une conférence de presse, le directeur général des finances publiques Jérôme Fournel s'est abstenu de donner davantage de précisions, invoquant le "secret fiscal".
Le procureur national financier a indiqué mercredi qu'après avoir pris connaissance du rapport de la commission d'enquête du Sénat sur l'influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques, son parquet avait ouvert une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale.
Les investigations ont été confiées au Service d'enquêtes judiciaires des finances (SEJF), a précisé le procureur dans ce communiqué sans mentionner le nom de McKinsey.
Dans un rapport remis mi-mars, la commission d'enquête du Sénat assurait que les contrats conclus par l'Etat et ses opérateurs avec les cabinets de consultants comme McKinsey avaient "plus que doublé" entre 2018 et 2021, atteignant un montant record de plus d'un milliard d'euros en 2021.
"Mauvaise foi des oppositions"
Elle accusait aussi plusieurs entités françaises du cabinet McKinsey d'"optimisation fiscale", ce qui leur aurait permis de ne payer aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020. "McKinsey réaffirme que le cabinet respecte les règles fiscales et sociales françaises qui lui sont applicables", a réagi mercredi le cabinet, après l'annonce de l'ouverture d'une enquête judiciaire.
A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, les oppositions ont dénoncé un favoritisme de la majorité au profit de ce cabinet de conseil, et ont appelé à l'ouverture d'une enquête.
Bruno Le Maire a défendu le recours aux cabinets de conseil, dénonçant la "mauvaise foi" des oppositions et de responsables politiques qui dénoncent la majorité actuelle, alors qu'eux aussi "ont utilisé ces mêmes cabinets de conseil" dans leurs responsabilités locales.