C'est un nouveau document embarrassant pour Alexandre Benalla que révèle Mediapart lundi. Le site d'informations a publié lundi une photo de l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron brandissant un pistolet et qui daterait du 28 avril 2017, à une période où l'ancien chargé de mission de l'Élysée n'était pas titulaire d'un permis de port d'arme en bonne et due forme.
Selon Mediapart, ce selfie montrant Alexandre Benalla en compagnie de deux hommes et d'une serveuse au visage flouté aurait été pris entre les deux tours de la présidentielle dans un restaurant de Poitiers, à quelques kilomètres de Châtellerault où Emmanuel Macron venait de tenir un meeting.
"Alexandre Benalla a été un peu trop loin...". Des faits confirmés, auprès d'un correspondant de l'AFP, par Guillaume Duru, l'ex-directeur du restaurant poitevin à l'époque des faits. Il ne se trouvait pas dans le restaurant ce soir-là mais une serveuse l'a informé du déroulement de la soirée par téléphone. "Selon elle, l'équipe de Macron et ses gardes du corps étaient très sympas. Elle a évoqué le selfie. J'ai trouvé que c'était dangereux pour la personne en question, pour Benalla, de faire ça, qu'il pouvait perdre son travail. J'ai trouvé ça un peu pathétique, pour un garde du corps de Macron, de faire des selfies avec une serveuse... Et je lui ai dit de garder ça pour elle", s'est souvenu Guillaume Duru. Selon lui, la serveuse, âgée d'une vingtaine d'années, est restée moins de six mois au restaurant avant de partir en voyage à l'étranger.
Cet ex-directeur, qui a quitté ses fonctions en avril 2018, se dit surpris par une révélation aussi tardive. "Je pensais que l'information sortirait avant l'audition d'Alexandre Benalla au Sénat. Je trouve qu'il est normal que ça se sache, que des journalistes enquêtent dessus. Alexandre Benalla a été un peu trop loin...", a-t-il affirmé.
#Benalla: «Je n'ai jamais porté d'arme en dehors du QG de campagne» https://t.co/7qsK7hwJQk
— Mediapart (@Mediapart) 24 septembre 2018
En juillet, Benalla avait tenu une autre version au "Monde". L'ex-collaborateur de l'Elysée, aujourd'hui mis en examen pour des violences lors du 1er-Mai, a déclaré au Monde daté du 26 juillet, qu'il ne possédait alors pas de permis l'autorisant à porter une arme en dehors du quartier général d'En Marche!, à Paris. Interrogé par Le Monde sur le fait de savoir s'il avait enfreint cette règle et s'il était sorti avec une arme en dehors du QG, Alexandre Benalla se montrait catégorique: "Non, jamais. On n'est pas mabouls, il y a un risque pour la réputation du candidat...", avait-il répondu.
Une fois Emmanuel Macron élu, Alexandre Benalla n'obtiendra un permis de port d'arme que le 13 octobre 2017 dans le cadre de ses missions à l'Élysée, avait indiqué le 23 juillet le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale. Ce permis lui a depuis été retiré après son licenciement et sa mise en examen le 22 juillet pour des violences sur un manifestant en marge du défilé du 1er-Mai place de la Contrescarpe à Paris.
"On continue à chercher des éléments pour nuire à la réputation d'Alexandre Benalla". Interrogé lundi soir par l'AFP, son avocat Me Laurent-Franck Liénard a minimisé les révélations de Mediapart. "Je m'étonne, alors qu'il y a des choses sérieuses à traiter dans ce dossier, qu'on continue à chercher des éléments tous azimuts pour nuire à la réputation de Monsieur Benalla. Lâchez-le !", a déclaré l'avocat, qui souhaite se concentrer sur l'audition de son client prévue vendredi chez les juges d'instruction parisiens.
Si le parquet de Poitiers, compétent territorialement, décidait d'enquêter sur les faits exposés par Mediapart, il devrait notamment déterminer s'il s'agit bien de l'arme de Alexandre Benalla et s'il disposait des autorisations requises. A moins que les faits ne soient joints à l'instruction en cours à Paris. L'Élysée n'a pas voulu faire de commentaires dans l'immédiat.