Macron, Hamon, Mélenchon : qui est le plus "vert" ?

Emmanuel Macron, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ont tenté de "verdir" leur programme. © AFP
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Les trois candidats à la présidentielle se revendiquent écologistes. Un adjectif parfois mérité, parfois quelque peu usurpé.

On a longtemps reproché aux candidats à la présidentielle qui n’étaient pas Europe Ecologie-Les Verts de ne jamais parler d’écologie. Pour 2017, ce ne sera pas le cas, au moins à gauche. Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon comme Emmanuel Macron ont fait de la question un axe majeur de leur programme. Tous trois veillent à toujours glisser quelques phrases à chaque meeting, se déplacent dans des fermes pour vanter les mérites de l’agriculture raisonnée et se prêtent -ou vont se prêter- au jeu de l’entretien "live" avec le WWF.

De quoi donner l'occasion aux écolos "originaux" de juger sur pièce. Et de comparer la capacité de chacun à "verdir" ses positions.

Jean-Luc Mélenchon, mention bien

Le leader de la France Insoumise a beaucoup mis en avant l’écologie, qui constitue l’un des sept chapitres de son projet "L'avenir en commun". Avec l’idée d’une "planification écologique" qui n'est pas nouvelle, puisqu'elle apparaissait déjà dans son programme il y a cinq ans, et lui permet de mettre du vert dans son rouge.

Le candidat veut consacrer 100 milliards d’euros "essentiellement" à la transition écologique. Inscrire dans la Constitution une "règle verte", c'est-à-dire la maxime selon laquelle il ne faut pas "prélever sur la nature davantage que ce qu’elle peut reconstituer ni produire plus que ce qu’elle peut supporter". Sortie du nucléaire, baisse des énergies carbonées, mais aussi réduction de la part des protéines carnées dans l’alimentation et promotion des arbres fruitiers dans l’espace public : Jean-Luc Mélenchon occupe le terrain et mord sur tous les sujets. "Il parle beaucoup d’agriculture, notamment en encourageant une alimentation qui tend vers le végétarisme et le véganisme", salue Benjamin Kaufman, co-secrétaire fédéral des Jeunes écologistes. Ces derniers ont sorti cette semaine un ensemble de 17 mesures. Et beaucoup de celles qui concernent l’environnement recoupent le programme de Jean-Luc Mélenchon. "Sur la sortie du nucléaire, on est raccord", estime ainsi Benjamin Kaufman. Les Jeunes écologistes prônent une disparition du nucléaire dans la production d’électricité "à l’horizon 2035", quand le cofondateur du Parti de gauche mentionne un "refus" pur et simple de l'énergie nucléaire.

En revanche, l'attitude de Jean-Luc Mélenchon vis-à-vis de l'Union européenne est moins "raccord" avec les positions écologistes, qui souhaiteraient des politiques environnementales au niveau du continent. "La sortie des traités européens ne facilitera pas une politique européenne de transition énergétique", avertit Matthieu Orphelin, ancien porte-parole de Nicolas Hulot, sur Twitter.

Benoît Hamon, félicitations du jury

Le vainqueur de la primaire de la gauche a remporté le scrutin avec un programme très à gauche, mais aussi très vert. Une conversion récente, comme il l’expliquait lui-même au site Reporterre : "J'ai été croyant, au sens où la croissance économique est devenue un culte, mais je ne le suis plus. Je ne serai plus socialiste sans être écologiste. Je ne négocierai pas le bout de mon programme écolo." Une humilité qui lui a valu les applaudissements de Yannick Jadot lui-même. Le candidat EELV à la présidentielle a en effet estimé que Benoît Hamon avait des positions "incontestablement" écologistes.

" Benoît Hamon ne va pas suffisamment loin sur la sortie du nucléaire. "

Le candidat socialiste a annoncé douze mesures pour la transition énergétique. Notamment la sanctuarisation dans la Constitution des "bien communs" que constituent l’eau et l’air, la tenue d’une "grande conférence nationale" sur l’environnement et la santé et un plan de rénovation énergétique pour isoler logements sociaux et privés. Benoît Hamon souhaite aussi, entre autres, abandonner le projet de Notre-Dame-des-Landes, sortir du diesel à l’horizon 2025 et mettre en place une TVA différenciée pour les produits les plus vertueux pour l’environnement.

"En revanche, Benoît Hamon ne va pas suffisamment loin sur la sortie du nucléaire", estime Benjamin Kaufman. Le vainqueur de la primaire de la gauche s'aligne en effet sur ce qui est déjà prévu par la loi : une réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique à 50% en 2025. Par ailleurs, tout comme Jean-Luc Mélenchon, il ne s'est pas engagé sur l’écotaxe, proposée par François Hollande puis abandonnée, et que les écologistes souhaiteraient rétablir. "Pour les candidats qui ont su 'verdir leur discours', une seule ligne de conduite s’impose si vraiment ils se soucient de préserver la planète ou de lutter contre la pollution de l'air. L'écotaxe doit figurer au premier rang de leurs programmes", a ainsi déclaré l’eurodéputée EELV Karima Delli au JDD la semaine dernière. "Si Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon sont aussi écologistes qu’ils le prétendent, qu’ils rejoignent Yannick Jadot sur ce point."

Emmanuel Macron, doit poursuivre ses efforts

Jusqu'à récemment, le fondateur d'En Marche! parlait beaucoup d'écologie mais se contentait de brasser des généralités. Ses prises de positions passées, en faveur de la reprise de l’activité minière en métropole ou du développement de la centrale nucléaire d’Hinkley Point, ne lui ont pas permis de se forger une image d'écologiste convaincu. La semaine dernière, le candidat a été le premier à accorder un entretien "live" au WWF pour parler de son programme en matière d'écologie.

Du point de vue des écologistes, le résultat est mitigé. "On n'a pas beaucoup de propositions en commun avec Emmanuel Macron. Déjà, il n'est pas anti-nucléaire", rappelle Benjamin Kaufman. Comme Benoît Hamon, l’ancien ministre de l’Économie veut garder le cap pour une réduction du nucléaire à 50% de la production d'énergie en 2025. Il s'engage à fermer la centrale de Fessenheim mais ne prévoit que 32% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique en 2030. Sur le gaz de schiste, sa position reste ambiguë. Emmanuel Macron promet qu'il n'y aura "pas de gaz de schiste" sous son quinquennat mais plaide pour "des recherches sur le sujet" menées par "nos organismes de recherches publics".

Ses engagements sur la rénovation thermique sont plus précis. Le fondateur d'En Marche! se fixe un objectif de 500.000 bâtiments à rénover tous les ans, comme François Hollande. Pour y parvenir, il compte déployer des audits gratuits pour les ménages modestes et des subventions publiques. "Toutes les mesures en faveur de travaux de rénovation thermique pour rendre les bâtiments plus économes vont dans le bon sens", salue Benjamin Kaufman.

Matthieu Orphelin, lui, a apprécié la "sage décision" d’Emmanuel Macron sur Notre-Dame-des-Landes. L'ancien ministre a en effet indiqué qu'il réexaminerait les projets, se donnant six mois pour envisager une modernisation de l'aéroport actuel, et n'évacuerait pas la ZAD.