Mercosur : «Nous exigeons que ce traité soit discuté à l'Assemblées» , affirme Jean-Luc Mélenchon

© Charly TRIBALLEAU / AFP
  • Copié
avec AFP / Crédit photo :

Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a réclamé dimanche la tenue d'un débat à l'Assemblée nationale sur le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, affirmant que celui-ci ne devrait pas entrer en vigueur si les Français ne l'approuvent pas.

Le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a demandé dimanche l'organisation d'un débat à l'Assemblée nationale sur le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, "et qu'il ne s'applique pas si les Français ne le votent pas".

"Monsieur Macron, arrêtez votre cirque avec le Mercosur. Nous exigeons que ce traité soit discuté à l'Assemblée nationale et qu'il ne s'applique pas si les Français ne le votent pas", a enjoint Jean-Luc Mélenchon au président de la République, au cours d'un entretien sur France3.

Un débat qui divise la classe politique

Le groupe des députés Insoumis avait prévu l'examen dans sa niche parlementaire du 28 novembre d'une proposition de résolution invitant le gouvernement à refuser ce traité. Toutefois, le gouvernement l'a jugée irrecevable le 5 novembre, tout comme avait été jugée irrecevable début octobre une proposition de résolution similaire du groupe RN.

La présidente de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, Aurélie Trouvé (LFI), a annoncé samedi sur Franceinfo que son groupe allait déposer une nouvelle proposition de résolution pour demander l'organisation d'un débat, au titre de l'article 50-1 de la Constitution, afin que "l'Assemblée nationale puisse se prononcer contre cet accord". Cette proposition sera finalisée lundi, a-t-elle précisé à l'AFP.

François Hollande : "Il est sans doute trop tard pour stopper l’accord, mais pas trop tard pour bloquer la partie commerciale"

L'ancienne dirigeante d'Attac a vivement critiqué l'attitude du chef de l'État, jugeant que "si l'accord est signé, le premier responsable sera le président Macron, qui pendant des années a laissé faire ces négociations" et "laissé croire qu'un bon traité serait possible". Elle a aussi estimé que la France a tardé à organiser la fronde au niveau européen contre ce texte. "Il serait peut-être un peu temps d'organiser effectivement une minorité de blocage", a-t-elle affirmé.

L'ancien président François Hollande a également réagi au débat sur le Mercosur, estimant qu'il est "sans doute tard", mais pas "trop tard" pour bloquer "la partie commerciale" de l'accord. Il a précisé que, pour cela, il faudrait l'opposition d'au moins quatre États membres de l'Union européenne représentant au moins 35 % de la population de l'UE. "Il est encore possible de stopper certains aspects du traité, notamment la partie commerciale, si les États membres se mobilisent", a ajouté François Hollande, soulignant l'importance de la pression exercée à l'échelle européenne pour empêcher sa ratification.

Une mobilisation transnationale contre l'accord

De son côté, la députée européenne LFI Manon Aubry a adressé à Ursula Von Der Leyen une lettre ouverte, signée par plus de 130 parlementaires de 13 pays, appelant la présidente de la Commission européenne à renoncer à la conclusion du traité . "C'est la première fois qu'un appel transnational est publié, démontrant que l'enjeu dépasse les simples frontières de l'agriculture française", a-t-elle souligné auprès de l'AFP. La missive, publiée par le journal La Tribune dimanche, dénonce aussi le projet présumé de la Commission de séparer l'accord en deux parties, "pour contourner la ratification des Parlements nationaux".

Les agriculteurs français, qui craignent des conséquences néfastes pour leur secteur, prévoient de se mobiliser à partir de lundi contre ce traité, négocié depuis des décennies entre l'UE et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie). Le traité, soutenu par plusieurs pays comme l'Allemagne et l'Espagne, pourrait être signé d'ici à la fin de l'année, selon la Commission européenne.

Le sujet du traité est également au menu de la tournée en Amérique latine du président Macron, entamée samedi soir et prévue jusqu'à jeudi. Ce déplacement pourrait peser sur les négociations finales du traité, au moment où la pression monte tant en France qu’au sein de l'Union européenne pour empêcher son adoption.