Mignard sur le djihadisme français : "Nous n’avons pas fait ce qu’il fallait"

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Christiane Taubira et Jean-Pierre Mignard ont tous deux estimé que le pouvoir avait une part de responsabilité dans la montée du djihadisme dans le pays. 
INTERVIEW

Christiane Taubira et Jean-Pierre Mignard, représentants des candidats à la présidentielleBenoît Hamon et Emmanuel Macron, ont trouvé un terrain d’accord dimanche lors du Grand Rendez-vous Europe 1/Les Echos/CNews. L’ancienne ministre de la Justice et l’avocat ont tous deux estimé que le pouvoir en place depuis des décennies avait sa part de responsabilité dans la montée du djihadisme en France, qui s’explique aussi par des causes sociales selon eux.

"Nous ne sommes pas innocents de l’état du monde". "L’angélisme n’est pas acceptable. C’est un vocabulaire que je récuse totalement", a toutefois prévenu d’emblée Christiane Taubira. "Cependant, nous ne sommes pas innocents de l’état du monde et d’un certain nombre de fractures dans notre pays. Ça n’autorise personne d’accuser ni l’Etat, ni la puissance publique, ni la République ni la démocratie d’actes qui sont inqualifiables et ne doivent trouver aucune nuance dans le rejet que nous devons en faire", a encore tempéré l’ex-Garde des Sceaux. "Par contre, il y a la nécessité de répondre à ce péril qui est général et qui va encore durer. Et puis il y il y a le refus de s’exonérer de veiller à ce que la République soit réelles dans notre société", a-t-elle insisté.

"Il y a une responsabilité, pourquoi le nier ?" "Bien sûr qu’il y a des responsabilités", a abondé Jean-Pierre Mignard, qui a pris en exemple la marche pour l’égalité de 1953. "Il y avait beaucoup de participants. Nous n’avons pas répondu. Une fois la manifestation terminée, ça s’est fini", a regretté l’avocat, ami proche de François Hollande. "Nous n’avons pas fait ce qu’il fallait. Nous avons laissé un terreau se constituer, de rejet, de désespoir, dans lequel le terrorisme, la cruauté djihadiste a planté ses griffes. Il y a une responsabilité, pourquoi le nier ?", a insisté Jean-Pierre Mignard. "Si nous ne cherchons pas comment nous n’avons pas fait ce qu’il fallait faire, alors nous continuerons  à laisser des déserts sur lesquels le crime terroriste continuera de tenter d’agir."