Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a affirmé dimanche que la France allait créer 3.500 places d'hébergement supplémentaires en 2018 pour répondre à la volonté du président Emmanuel Macron de "ne plus voir personne dans les rues". "Nous voulons aussi accélérer le traitement des situations administratives pour permettre aux personnes qui déposent des demandes d’être hébergées dans les places existantes", a dit Gérard Collomb dans une interview au Journal du Dimanche. "Nous travaillons à un projet de loi qui réduira à six mois la procédure d’examen du droit d’asile, mais qui permettra aussi une lutte plus efficace contre l’immigration irrégulière", ajoute-t-il.
Deux centres supplémentaires à Calais. Le ministre de l'Intérieur a fait le point sur la situation à Calais, où "à peu près 350 migrants" demeurent encore, plus "une centaine à Grande-Synthe". "Des camions sont pris d’assaut : nous avons comptabilisé depuis le 1er janvier 17.867 intrusions sur le port et dans l’Eurotunnel !", déplore Gérard Collomb, avant de justifier l'ouverture prochaine de deux centres d'accueil. "Nous ne voulions pas rééditer l’expérience passée, où l’on avait commencé avec un centre de 400 personnes et terminé à 8.000. Les deux centres que nous allons ouvrir sont donc situés assez loin de Calais et de Dunkerque, pour éviter que ce problème se répète."
"Éviter les infrastructures fixes". Gérard Collomb affirme à ce sujet comprendre la maire de Calais Natacha Bouchart, qui refuse d’ouvrir des points d’eau pour les migrants. "Il faut se mettre à la place des habitants après plusieurs années de grande difficulté. Dans le Calaisis, j’ai rencontré tout le monde. Et tous, quelle que soit leur opinion politique, ressentent une profonde angoisse. Nous ferons donc des sanitaires mobiles. Nous devons éviter tout ce qui peut ressembler à des infrastructures fixes", annonce le ministre de l'Intérieur. Il réfute par ailleurs les accusations de violences policières à Calais : "Certaines affirmations sont totalement fausses. Dans le rapport de Human Rights Watch, il est indiqué que les forces de sécurité auraient utilisé des gaz 'poivre'. Or ce type de gaz n’est pas utilisé en France. Le rapport devra clarifier ces accusations. Si certaines sont confirmées, je prendrai les décisions qui s’imposent".
"Concilier efficacité et générosité". Le ministre en a également profité pour définir la ligne de la France en matière de droit d'asile. "Notre politique doit toujours concilier efficacité et générosité. Nous accueillons tous ceux qui fuient guerres et persécutions, mais nous distinguons les réfugiés de ceux dont la migration obéit à d’autres ressorts, notamment économiques. Donc il s’agit d’accueillir, mais aussi d’organiser des retours", souligne Gérard Collomb. "Par exemple, 20% des places en Centre d’Accueil et de Demandeurs d’Asile (CADA) sont occupés par des gens qui viennent d’Albanie, sans visa, et qui font une demande d’asile en arrivant en France. Avec le Premier ministre albanais, nous avons décidé de mettre fin à cette situation. Chez eux, avec refus d’embarquement dans des avions, et ici, en France, en organisant des transferts vers l’Albanie", illustre-t-il.
Agir au départ des migrants. C'est l'un des objectifs d'Emmanuel Macron : empêcher les migrants qui n'ont aucune chance d'obtenir le droit d'asile de rentrer sur le territoire français. "Il faut arrêter tous les parcours de trafics d’êtres humains qui traversent notamment le Niger, puis la Libye et franchissent ensuite la Méditerranée jusqu’à l’Italie. Les autorités nigériennes, en accord avec nous, ont fait beaucoup : une ville comme Agades est aujourd’hui sécurisée par le gouvernement nigérien. Et nous allons y envoyer une mission de l’OFPRA pour examiner les situations des gens qui arrivent ici", explique Gérard Collomb.
En revanche, les "hot spots", ces centres de tri qu'Emmanuel Macron veut installer en amont de la filière migratoire, ne seront pas placés en Libye. "Le Président a souhaité que soient mis en place des centres d’orientation pour les demandeurs d’asile dans des pays situés au sud de la Libye. Ce type d’initiative ne peut pas actuellement être envisagé en Libye, compte tenu de la situation du pays", concède Gérard Collomb.