Le président des Républicains Laurent Wauquiez a qualifié vendredi d'"accord de façade" le compromis européen sur la question migratoire, demandant à Emmanuel Macron de s'engager pour que la France "n'accueille aucun centre européen pour les migrants sur le sol français". "Je crains que cet accord européen ne soit qu'un accord de façade, destiné à faire semblant qu'on est d'accord alors qu'en réalité, on ne s'est entendu sur rien", a déclaré Laurent Wauquiez à la presse lors d'une visite du poste de frontière de Menton, dans les Alpes-Maritimes, en marge d’un Conseil national des Républicains sur la stratégie à adopter en vue des élections européennes de 2019.
Un accord "dangereux"
Pour Laurent Wauquiez, cet accord "ne traite pas le problème essentiel": "faire en sorte que nous puissions agir avant que les migrants quittent les eaux territoriales africaines, pour éviter d'avoir ensuite ces images catastrophiques où nous les accueillons sur le continent européen", a estimé le président des Républicains. "En revanche, il y a dans cet accord un danger. Le danger fondamental, c'est de créer des centres européens pour les migrants sur le continent européen. C'est une folie, ça va aboutir à encourager encore plus l'appel d'air pour les migrants", a-t-il ajouté. Il estime que "la France et l'Europe accueillent trop de migrants aujourd'hui. Quand Emmanuel Macron explique qu'il n'y a pas de crise migratoire, il est dans l'aveuglement".
"On a besoin d'un changement complet d'approche", a dit le patron de LR, qui souhaite "que les navires ramènent les migrants sur le Côte africaine, en Libye, sur les ports dont ils sont originaires". Enfin, "il faut évidemment une aide au développement du côté africain. Mais il faut aussi que nous ayons maintenant un message qui arrête de faire semblant. On ne peut pas continuer à aider les pays africains si, de leur côté, ils n'assument pas leurs responsabilités, s'ils ne reprennent pas les migrants illégaux".
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"Européen" mais…
Partisan d’une Europe des cercles concentriques, Laurent Wauquiez va devoir accorder sa famille politique, très divisée sur la ligne qu’elle souhaite défendre en 2019. Le patron de LR doit trouver un espace à occuper entre le souverainisme défendu par Marine Le Pen et l’européanisme affiché d’Emmanuel Macron. "Certains voudraient opposer au sein de notre famille les présumés eurosceptiques et les soi-disant pro-européens. Je vous le dis : ils n’ont pas ôté les lunettes du passé", a-t-il affirmé devant le Conseil national des Républicains.
Fustigeant un nouvel élargissement de l’UE , le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a tenté de défendre une posture critique, tout en affirmant son attachement à certaines valeurs européenne. "Si je suis un Européen convaincu, c’est que je crois que cette identité culturelle n’est pas perdue, et qu’elle a encore tant de choses à dire au monde. Notre tâche est de la faire vivre à nouveau", a-t-il déclaré.
Plutôt sévère ces derniers temps à l’égard du chef de sa famille politique, Valérie Pécresse, qui avait notamment déploré un "rétrécissement" de la droite après l’éviction de Virginie Calmels, s’est montrée optimiste samedi. "Je vois aujourd'hui que l'euro-scepticisme recule et que le message pro-européen avance et j'en suis très satisfaite", a-t-elle déclaré devant la presse. "Je vois aussi qu'on a renoncé à démanteler l'Europe, à la rétrécir à 6, à 12. On est vraiment dans un projet pour sauver l'Europe à 27. C'est une bonne chose", a-t-elle poursuivi, dans une allusion au projet initialement défendu par Laurent Wauquiez. La présidente de Libres!, mouvement associé à LR, est entrée dans la salle du Conseil national sous un mélange de huées et d'applaudissements. Elle avait été conspuée lors du précédent Conseil national, en janvier, lors duquel elle avait théorisé l'existence de "deux droites". Il reste encore un an à Laurent Wauquiez pour prouver que les différents membres de sa famille politique peuvent mener de concert la bataille des européennes.