Manuel Valls s'est dit, samedi, opposé à l'instauration de "quotas" pour la répartition des demandeurs d'asile dans les pays de l'UE, à l'occasion d'une visite près de la frontière franco-italienne, dans les Alpes-Maritimes, où des centaines de migrants ont été arrêtés au cours des derniers jours. "La solidarité, c'est de mettre en place une répartition équitable dans l'accueil des réfugiés. Nous souhaitons être particulièrement clair sur ce point : je suis contre l'instauration de quotas de migrants ; ceci n'a jamais correspondu aux propositions françaises", a déclaré le Premier ministre en gare de Menton, aux côtés du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et des députés UMP Eric Ciotti et Christian Estrosi.
"En revanche, l'Europe doit avoir une politique de l'asile et la France a entrepris de réformer la sienne pour la rendre plus efficace", a poursuivi le Premier ministre. Le plan d'action pour l'immigration et l'asile présenté mercredi par la Commission européenne prévoit des quotas obligatoires pour assurer une distribution équitable des réfugiés et en cas de crise, un transfert des demandeurs d'asile entre les États de l'UE. "L'asile est un droit, attribué selon des critères internationaux appliqués par tous les pays de l'Union européenne. C'est aussi pour cette raison que le nombre de ses bénéficiaires ne peut faire l'objet de quotas : on est demandeur d'asile ou on ne l'est pas", a ajouté le Premier ministre.
5.000 réfugiés syriens et 4.500 Irakiens en France. "Ce que la France dit, c'est que les réfugiés doivent être répartis entre les Etats membres de façon plus équitable. Cela suppose de tenir compte des efforts déjà consentis par chacun. Aujourd'hui, la France, l'Italie, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède accueillent 75% des réfugiés, des demandeurs d'asile en Europe", a déclaré Manuel Valls. "La France, déjà, a fait beaucoup : ainsi 5.000 réfugiés syriens et 4.500 irakiens ont déjà été accueillis en France depuis 2012. Nous continuerons à le faire, avec le souci que les efforts soient équitablement répartis", a-t-il encore fait valoir.
"La France, non seulement fait des efforts pour accueillir, mais est aussi engagée dans des efforts militaires [...], elle répond aux défis que représentent le terrorisme et le trafic des migrants. Elle le fait pour sa propre sécurité, pour celle des pays d'Afrique, mais aussi pour celle de l'Europe et il ne faut pas l'oublier dans la répartition de l'accueil des réfugiés", a-t-il conclu.
54 passeurs arrêtés depuis le début de l'année. Après leur visite en gare de Menton, les ministres se sont rendus au poste-frontière de Saint-Louis, toujours à Menton, puis devaient ensuite se rendre à la gare de péage de La Turbie, sur l'autoroute A8, où se trouve un point de contrôle ouvert 24 heures sur 24. Au total, 152 personnels, pour l'essentiel issus de la Police aux Frontières (PAF), sont déployés dans les Alpes-Maritimes pour contrôler les flux migratoires.
"Le flux migratoire important actuel constaté à la frontière italienne est supérieur dans les quatre premiers mois de l'année à celui relevé pour la même période en 2014", pointe la préfecture des Alpes-Maritimes, dans un communiqué Entre lundi et jeudi, les forces de l'ordre ont interpellé dans les Alpes-Maritimes 944 migrants, selon des chiffres du préfet Adolphe Colrat. Depuis le début de l'année, 54 passeurs ont également été arrêtés.