Le bras de fer continue entre les pays européens et la Turquie. Ankara a ouvert ses frontières le 28 février dernier pour permettre aux migrants d'entrer en Europe, affirmant qu'une résolution de cette crise passait par un soutien européen à l'offensive turque en Syrie. L'Union européenne a déjà annoncé qu'elle ne céderait pas au chantage. Par ailleurs, en pleine crise sanitaire du coronavirus, certains dirigeants nationalistes, notamment Viktor Orbán, présentent les migrants comme une menace sanitaire. Nicolas Bay, député européen et président du groupe Rassemblement national au Conseil régional de Normandie, réagit sur Europe 1.
"Où est la solidarité européenne aujourd'hui ?"
Si le député ne pense pas que le virus ait un lien avec les migrants, il soutient et comprend la déclaration de Viktor Orbán. "Ce sont des personnes qui viennent de pays extérieurs et dont on ne connait pas toujours la provenance, il y a un risque potentiel qu’ils transmettent le virus". Pour Nicolas Bay, le Premier ministre Hongrois défend ses intérêts en contrôlant les frontières. "Une mesure de bons sens", souligne le député. "Lorsqu'ils sont migrants clandestins, souvent le pays d’origine est purement déclaratif sans possibilité de contrôle".
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Plus largement, sur la question migratoire, Nicolas Bay s'interroge. "Où est la solidarité européenne aujourd'hui ? La Grèce est seule, en réalité, face à une pression migratoire dramatique. Le sultan islamiste Erdogan organise sciemment l’invasion du continent européen." Le député européen dénonce les sommes "considérables" versées à la Turquie, selon lui. "On a versé six milliards dans le cadre du contrôle migratoire, ce qu'elle fait assez mal d'ailleurs", déplore-t-il. "On a versé 15 milliards au titre des fonds de pré-adhésion et 30 milliards dans le cadre de la banque européenne d'investissement pour financer des entreprises et des infrastructures en Turquie."
Une riposte politique, diplomatique et économique contre la Turquie
Pour Nicolas Bay, il est nécessaire de protéger les frontières européennes. "La Grèce a toute les peines du monde à contrôler sa frontière or à cause de l’espace Schengen, la frontière grecque c’est notre frontière !", souligne le député. "Il faut une riposte politique : remettre en cause le processus d’adhésion à l'Union européenne et les financements versés à la Turquie. Une riposte diplomatique : rétablir les relations avec la Syrie, peut-être même remettre en cause la place centrale de la Turquie dans le cadre de l'Otan et enfin riposte économique parce qu'aujourd'hui 41% du commerce extérieur turc se fait en direction de l'Union européenne grâce à l'union douanière."
Pour le membre du RN, le vrai maître de la situation en Syrie est Vladimir Poutine, le président de la Russie. "Il est capable d'agir, ce que les nations européennes ne sont pas capables de faire", affirme-t-il. Après plusieurs semaines de combat, un accord entre la Turquie et la Russie a instauré un cessez-le-feu dans le nord de la Syrie. Le conseil de sécurité de l'ONU se réunira à huis-clos vendredi.