L'éclatement de cette affaire l'avait contraint à quitter le gouvernement en 2017, deux ans plus tard elle lui coûte une mise en examen. Après une quinzaine d'heures d'audition, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a été mis en examen pour "prise illégale d'intérêts" dans l'affaire des Mutuelles de Bretagne. Dans la foulée, il a fait savoir qu’il ne comptait pas laisser le perchoir, et entendait poursuivre sa mission à la tête de l’Assemblée.
"C’est extrêmement choquant. Ça n’est pas l’action judiciaire qui détruit la politique, c’est la parole publique !", a réagi au micro de Matthieu Belliard, sur Europe 1, Jérôme Karsenti, avocat d’Anticor, l’association de lutte contre la corruption qui a relancé l’affaire en déposant plainte, après un premier classement sans suite.
Un changement de position
"Aujourd’hui, monsieur Ferrand nous dit qu’il est déterminé à poursuivre sa mission alors qu’il est mis en examen. Hier, alors que l’enquête débutait, il a refusé d’entrer au gouvernement, il a refusé le perchoir qui a été dévolu à monsieur de Rugy", rappelle cet avocat. "Et tout d’un coup, il a une tout autre approche politique. Est-ce à dire que le pouvoir de Macron se sent suffisamment en puissance pour que le quatrième personnage de l’Etat estime qu’il n’a pas à démissionner, alors que c’est une jurisprudence qu’il s’était appliqué à lui-même ?", interroge Jérôme Karsenti.
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"Au moins trois juges d’instruction ont la même approche de ce dossier que l’association Anticor"
Sur le fond de l'affaire, Richard Ferrand conteste toute irrégularité. Mercredi soir, il a estimé qu'il n'y avait ni préjudice ni victime, ni aucun élément nouveau d'apporté au dossier. "Cette affaire a été classée sans suite par le parquet de Brest. Nous avons déposé une plainte avec constitution de partie civile, ce qui nous a valu l’accusation d’acharnement judiciaire. Lorsque ce dossier a été dépaysé à Lille, on a encore évoqué des tergiversations judiciaires et, finalement, monsieur Ferrand est mis en examen. Ce qui veut dire qu’au moins trois juges d’instruction ont la même approche de ce dossier que l’association Anticor", constate pour sa part Jérôme Karsenti.
"On ne dépose pas plainte à la légère contre un homme politique de premier plan, parce que l’on sait que ça discrédite la parole publique. C’est le contraire de ce que défend Anticor", conclut cet avocat.