En recevant lundi matin à Matignon syndicats, patronat ou encore associations d'élus, Édouard Philippe a lancé sa "mobilisation générale" pour l'emploi et l'écologie. Soucieux de renouer avec les corps intermédiaires, le Premier ministre a annoncé vouloir faire "de la haute couture" en traitant chaque chantier "territoire par territoire". Si la CGT et Solidaires avaient décidé de boycotter la réunion, les partenaires sociaux saluent globalement le changement de méthode.
Cinq chantiers sur la table
Car changer de méthode, cela veut dire davantage associer les partenaires sociaux, les élus, les associations, autrement dit ces corps intermédiaires qui se sont sentis délaissés depuis le début du quinquennat.
Concrètement, cinq chantiers ont été mis sur la table par Matignon, en laissant toutefois la possibilité aux interlocuteurs d'allonger la liste. L'apprentissage tout d'abord, dont le gouvernement a fait la promotion pour susciter de nouvelles vocations. Les questions des emplois non pourvus et des freins à la reprise d'emploi (transport, logement, garde d'enfant) seront également au menu, tout comme l'accompagnement des territoires dans la transition écologique et numérique, ou encore sur les gestes écologiques du quotidien (gestion des déchets, cycles courts, alimentation dans les cantines...).
Le Medef salue la démarche, la CFDT veut s'y engouffrer, FO plus sceptique
Et dans ce cadre, Édouard Philippe veut proposer des solutions de terrain. Il y a aura donc dans les semaines qui viennent des réunions au niveau régional. "Ce que nous a proposé le Premier ministre, ce sont des questions concrètes sur l'apprentissage, sur les emplois non pourvus… Si cette réunion est un coup d'envoi et qu'on ne se réunit plus dans ce format-là mais qu'on se réunit en région pour travailler efficacement, nous on trouve que la méthode est plutôt intéressante", salue auprès d'Europe 1 le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.
Du côté des syndicats, la CFDT veut profiter de la méthode pour avancer ses propositions. Celle d'un plan pour la rénovation thermique des logements par exemple. Celle, aussi, de rendre obligatoire la prime mobilité, que le gouvernement serait prêt à défiscaliser, alors que les prix du carburant, une des raisons de la colère des "gilets jaunes", flambent à nouveau.
Chez Force ouvrière, on est plus dubitatif, et on s'étonne d'ailleurs de voir resurgir des dossiers qu'on pensait pourtant réglés. "Quand j'entends la ministre du Travail venir me dire qu'on allait reparler des freins à l'apprentissage alors qu'on l'a fait il y a à peine deux ans, je me pose des questions…", glisse Michel Beaugas, le secrétaire confédéral en charge de l'emploi. "On nous écoute, mais je ne suis pas sûr qu'on nous entende".
Le gouvernement se fixe en tout cas un objectif : présenter un agenda des solutions en septembre.