En fonction depuis 2001, Martine Aubry brigue un quatrième mandat à la mairie de Lille. Dans une campagne marquée par les divisions du centre, la gauche apparaît favorite, alors que la région se détourne du Parti socialiste.
Le principal bastion du PS dans les Hauts-de-France va-t-il rester dans les mains socialistes à l'issue des élections municipales ? Malgré la progression de l'extrême droite dans la région, Lille reste une terre acquise au Parti socialiste, et ce depuis 60 ans. Élue depuis 2001, Martine Aubry y brigue un quatrième mandat, et apparaît en bonne position pour être reconduite, selon les sondages. Mais plus qu'avant, l'opposition du centre, de droite et écologiste est déterminée à renverser l'édile, qui s'est engagée à ne pas faire de cinquième mandat. Elle avait d'ailleurs assuré qu'elle ne se représenterait pas cette année... mais le manque de dauphins l'a fait changer d'avis.
Aubry en position de force
La victoire semble une nouvelle fois accessible à Martine Aubry : selon le dernier sondage Ifop pour La Voix du Nord publié mi-février, la maire PS récolte 35% des intentions de vote au premier vote, soit 14 points de plus que le candidat EELV, Stéphane Baly. Le parti écologiste était d'ailleurs un allié de Martine Aubry lors de ses premiers mandats. Il espère désormais s'imposer dans une ville où la liste de Yannick Jadot aux européennes a talonné celle de Nathalie Loiseau aux dernières européennes (21,7% contre 22%).
Le centre a lui aussi des velléités sur le beffroi de la mairie. Problème : il est déchiré. Avec, d'un côté, la candidate officiellement investie par La République en marche, Violette Spillebout, qui fut directrice de cabinet de Martine Aubry de 2008 à 2013. Selon le même sondage Ifop, elle récolterait 14% des voix. De l'autre, Valérie Petit, perdante de la nomination interne, qui a rejoint le candidat Les Républicains Marc-Philippe Daubresse. Ce dernier a été pendant 30 ans le maire de Lambersart, commune huppée limitrophe de Lille. Marc-Philippe Daubresse a été rejoint par l'ex-UDI Thierry Pauchet, ce qui donne une coloration centriste à la candidature LR. Elle récolterait 10%, juste derrière celle du candidat du Rassemblement national, Éric Cattelin-Denu, à 12%.
Au second tour, Martine Aubry l'emporterait dans tous les cas, en faisant alliance ou non avec EELV. Dans ce dernier cas, le parti écologiste s'allierait avec La France insoumise du candidat Julien Poix (7,5% au premier tour) pour tenter de s'imposer comme la première force de l'opposition.
Les grands thèmes de la campagne
Comme dans de nombreuses métropoles, l'écologie est un sujet central de la campagne des municipales à Lille. Et ici, c'est principalement la qualité de l'air qui divise les candidats : 36 alertes à la pollution ont été émises en 2018 et les différentes mesures de circulation différenciée ont marqué les habitants. Même si les décisions comme l'abaissement de la vitesse en ville ont légèrement amélioré la donne, chaque candidat a fait de cette question en enjeu majeur de son programme.
La sécurité est l'autre thème majeur de cette campagne, avec des promesses diverses pour le recrutement de nouveaux policiers municipaux, la constitution d'une "brigade de tranquillité du quotidien", l'armement de la police et l'installation d'un centre de supervision urbain pour l'élargissement de la vidéosurveillance.
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Enfin, la transformation de la friche industrielle de Saint-Sauveur est très débattue, symbole du thème de la rénovation urbaine. À la place de cette ancienne gare de marchandises, Martine Aubry défend un espace composite de 23 hectares, projet que critique ses concurrents, entre place trop limitée accordée à la nature et construction insuffisante de logements.