En vue du second tour des élections municipales, le maire de Lyon Gérard Collomb et le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes travaillent à la conclusion d'un accord. Objectif : faire barrage aux écologistes.
L'information a surpris de nombreux observateurs. En difficulté au premier tour des élections municipales, le maire de Lyon Gérard Collomb se rapproche du président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez. Les deux hommes se sont ainsi retrouvés mercredi lors d'une réunion censée organiser la distribution des aides économiques et des masques pour répondre à la crise du coronavirus. Mais, comme le rapporte Le Parisien, ils semblent surtout préparer un accord pour le second tour du scrutin prévu le 2 juin, pour faire obstacle à l'émergence des écologistes locaux.
Samedi, Gérard Collomb, ex-président de la métropole et actuel maire de Lyon, avait dit souhaiter "un large rassemblement" avec des "sensibilités politiques diverses". À l'issue du premier tour le 15 mars, les listes de l'ancien ministre de l'Intérieur et de David Kimelfeld, président de la métropole en rupture avec son ancien mentor, se sont retrouvées en difficulté face aux écologistes, arrivés en tête à Lyon et dans nombre de circonscriptions métropolitaines.
"Des alliances d'un nouveau type"
Mais l'opposition aux écologistes suffira-t-elle à faire oublier les divergences entre Gérard Collomb et Laurent Wauquiez ? Pour le politologue Pascal Perrineau, le rapprochement entre ces deux fauves politiques n'est "pas tellement surprenant". Pendant longtemps, rappelle-t-il, "il y avait des alliances entre la droite modérée et la gauche modérée qu'a parfois incarnée Gérard Collomb au Parti socialiste". Par ailleurs, ajoute-t-il, le maire de Lyon "a plus une fibre de compromis avec le centre-droit qu'une fibre d'union de la gauche".
Cette alliance ne sera de toute manière pas la seule sur le territoire. Lors du premier tour, constate l'invité d'Europe 1, "on voyait bien les effets de la révolution politique que la France a connu, avec des alliances d'un nouveau type. De temps en temps, LREM était seule avec la gauche, de temps à temps avec la droite". Et de conclure : "LREM, faiblement implantée au niveau local, va aller à ce combat dans des dispositifs d'alliance différents d'une région à l'autre, d'une ville à l'autre, etc."
"Personne ne s'attendait' au score des écologistes"
Du côté de Gérard Collomb, cette alliance inattendue s'explique aussi par la volonté de l'exécutif municipal "de ne pas laisser facilement la main". Surpris par le score des écologistes, il "tente de sauver la mise", analyse Pascal Perrineau, rappelant que "personne ne s'attendait" à un tel score.
Reste que cet accord, s'il était conclu, ne se ferait pas sans fracas. "Cela pose des problème, et pas seulement au niveau des électeurs lyonnais", assure Pascal Perrineau. "Parmi certains alliés de Gérard Collomb, comme le maire du 9e arrondissement de Lyon, il y a une volonté de ne pas entrer dans cette alliance, tandis qu'à LR, le maire de Rillieux-la-Pape n'est pas en faveur de ce rapprochement".