"L'audace, c'est de faire un plan à la hauteur des enjeux". Myriam El Khomri a défendu le plan d'urgence pour l'emploi du gouvernement au micro d'Europe 1 mardi. "Ce plan a un double objectif : soutenir la création d'emploi et former les demandeurs d'emploi les moins qualifiés dans les métiers qui recrutent", a rappelé la ministre du Travail, qui a reçu les partenaires sociaux lundi avec Manuel Valls.
Accent sur la formation. Promises par l'exécutif au lendemain des élections régionales, les mesures de ce plan seront axées notamment sur la formation. "Deux millions de demandeurs d'emploi n'ont pas le niveau bac et près de 680.000 ont un niveau inférieur au CAP", a expliqué Myriam El Khomri. "Il est bon pour la compétitivité de notre économie de former ces personnes aux métiers en tension, notamment la transition énergétique et le numérique". Ainsi, 500.000 chômeurs devraient bénéficier d'une formation prioritaire, dont les modalités de financement "sont en plein arbitrage", selon la ministre du Travail. "Quand la France forme un demandeur d'emploi sur dix, l'Allemagne en forme deux, l'Autriche quatre. Nous avons un retard en la matière."
"Toujours plus" pour le patronat. Alors qu'une partie du patronat a adressé une lettre ouverte à François Hollande, réclamant des mesures d'urgence pour "débloquer l'embauche", Myriam El Khomri s'est montrée sceptique vis-à-vis de certaines de ses propositions. "L'enjeu de notre plan est de créer de l'emploi, pas de faciliter les licenciements", a-t-elle déclaré à propos du "contrat agile" exigé notamment par le Medef. Plus flexible que le CDI, ce contrat conditionnerait le maintien du salarié dans l'entreprise au carnet de commandes de celle-ci. Mais pour Myriam El Khomri, l'exécutif a déjà multiplié les mains tendues au patronat, notamment avec le pacte de responsabilité. "Ce pacte est essentiel, les entreprises ont retrouvé des marges, cela leur a permis d'investir." Selon la ministre, "il y a parfois l'impression d'un 'toujours plus'" de la part des organisations patronales.
Une inversion de la courbe du chômage en 2016. Concernant la courbe du chômage, qui refuse catégoriquement de s'inverser durablement depuis le début du quinquennat, la ministre du Travail s'est dite optimiste. "Elle s'inversera en 2016", a t-elle assuré. "Nous sommes dans une phase de stabilisation. Le chômage des jeunes a diminué de 25 000 sur la dernière année, la politique que nous menons produit des résultats." Les Français, de leur côté, sont moins catégoriques. Plus de 80% d'entre eux ne croient pas à une baisse du chômage cette année, selon un récent sondage Elabe pour Les Echos, Radio Classique et l'Institut Montaigne.
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Plan pour l'emploi et pacte de responsabilité...par Europe1fr